Au lendemain d’une journée sous tension à Ndjamena, l’heure est au bilan. Selon le bilan officiel, cinq personnes ont été tuées. La société civile et d’autres observateurs voient les chiffres plutôt à la hausse. La Convention Tchadienne des Droits de l’Homme compte elle, 9 morts, des dizaines de blessés et des centaines d’arrestations. Par endroit, le drapeau de la France a aussi été brûlé en guise de désaccord face à ce qui est estimé comme un soutien à la junte militaire.
Mais les leaders appelant aux marches pacifiques n’entendent pas baisser les bras. Un autre appel a été lancé ce mardi soir, journée marquée par plusieurs violences. Le leader de la coalition « WAKIT TAM », Max Loalngar, a appelé sur les ondes de la Radio Fm Liberté, a continuer les marches mercredi matin. Les forces de l’ordre ont pris d’assaut tous les rond points, les lieux de rassemblement et on les voyait patrouiller dans des quartiers comme Walia, Abéna, Gassi, Atrone etc…
La France, l’UA, l’UE, les chefs de partis et la société civile condamnent
La première réaction apres ces manifestations fut celle du président du Conseil Militaire de la Transition (CMT). Dans un discours , il a appellé les Tchadiens à préserver la paix, le dialogue et a annoncé la création dans un très bref délai du Conseil national où toutes les forces vives seront représentées, en plus de la formation d’un gouvernement où seront représentés toutes les régions du pays. Le président du CMT annonce aussi la tenue d’un dialogue inclusif pendant les 18 mois de la transition.
Le président français a voulu clarifier la position de la France que l’on accusait de soutenir la junte. Condamnant fermement la répression des manifestants, Emmanuel Macron a déclaré: « j’ai apporté mon soutien à l’intégrité et à la stabilité du Tchad très clairement. Je suis pour une transition pacifique, démocratique et inclusive. Je ne suis pas pour une succession et la France ne sera jamais du côté de celles et ceux qui forment ce projet ». Il précise par ailleurs que le temps est venu de lancer un dialogue politique national, ouvert à tous les Tchadiens.
Dans une autre déclaration conjointe avec le President de la RDC, Felix Tshisekedi, la condamnation des répressions a été ferme. Emmanuel Macron a encore une fois réitéré son soutien à une transition démocratique et inclusive. Les deux présidents ont condamné la répression des manifestations et appelé le Conseil militaire de transition à respecter ses engagements.
A travers son haut représentant et vice-président, Joseph Borrell de l’Union européenne estime que: « La cessation de toute forme de violence est une des conditions essentielles pour faciliter un environnement propice au dialogue national, première étape indispensable pour définir les bases d’un contrat social renouvelé. » avant d’insister sur l’importance d’un retour rapide à l’ordre constitutionnel.
Au Tchad beaucoup de réactions se sont fait entendre. Mahamat Ahmad Alhabo, Secrétaire général du Parti pour les libertés et le développement (PLD) du feu Ibni Omar Mahamat, Saleh Kebzabo, président du l’UNDR, tous deux des poids lourds de l’opposition, condamnent avec fermeté les répressions qui sont selon eux la preuve que le CMT veut gouverner par le sang. Ils appellent au retour du pouvoir aux mains des civils.
Autre réaction en faveur du CMT, la Coalition des Associations de la Société Civile pour l’Action Citoyenne (CASAC) annonce soutenir de façon inconditionnelle le conseil militaire de transition, elle appelle par ailleurs les Tchadiens à préserver la paix. Pendant ce temps les choses semblent évoluer du côté de la formation du gouvernement de la transition.
Le Premier Ministre de la Transition Pahimi PadaKé en consultation
Des personnalités politiques ont commencé à être reçues par le premier ministre de la transition. L’objectif est de se mettre d’accord sur certains points afin de former un gouvernement consensuel. Hier mardi 27 avril, 59 chefs de partis politiques ont été reçus par Pahimi Padaké Albert. Parmi les chefs de partis politiques reçus, il y avait le chef de file de l’opposition, Felix Roadoumngar, et des présidents et secrétaires de 42 partis politiques de l’opposition, le groupe de la coalition nouvelle vision opposition démocratique composée de 17 partis politiques. Ces chefs de partis sont d’accord pour entrer dans le gouvernent de la transition et apportent leur soutien au Conseil Militaire de Transition pour l’organisation d’élections libres et transparentes.
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