La réunion de l’Union africaine sur l’opportunité de sanctions à l’encontre du Tchad, devant se tenir le lundi, a été reportée au dernier moment pour mardi. Mais une fois encore, la réunion s’est vue reportée. Le rapport de la délégation venu enquêter sur la transition et recueillir des informations sur la mort d’Idriss Deby, devrait être présenté pour permettre à l’assemblée de l’Union Africaine de prendre une décision conformément aux principes en vigueur. Hélas ! Elle n’a pas pu avoir lieu et est une fois de plus reportée pour ce vendredi. C’est dire l’absence d’unité de point de vue autour des dispositions a prendre par l’Union africaine vis à vis du cas tchadien.
On ignore les vraies raisons mais les sources officielles invoquent des raisons d’ordre technique, le rapport devant être traduit dans toutes les langues officielles. Mais plus prosaïquement, les raisons portent sur des dissensions au sein de l’Union sur la décision à prendre. Certains membres sont pour le respect des principes et une suspension directe du Tchad car le pays est victime selon eux d’un coup d’état, tandis que d’aucuns souhaitent que le Tchad fasse exception à la règle et que ses écarts à la constitution soient tolérés. Raisons invoquées : éviter de déstabiliser le Tchad qui constitue un rempart dans la lutte contre le terrorisme au Sahel. Sur ce point, les discussions sont tendues, car plusieurs pays membres s’y opposent.
Que disent les recommandations faites dans le rapport de la mission d’enquête ?
La mission venue enquêter sur la situation au Tchad a présenté, son rapport à la 995ème réunion du Conseil de paix et de sécurité. Le rapport de 37 pages revient sur les rencontres, les constats faits et les informations recueillies pendant leur séjour au Tchad. En plus des faits rapportés, le rapport fait aussi quelques recommandations qui s’adressent à l’Union africaine. La mission fait ses recommandations pour, selon le rapport, dire à l’UA ce qu’elle peut faire, « en tenant compte de tous les défis politiques, sécuritaires et de stabilité auxquels le Tchad est confronté. »
Trois recommandations sont faites. Dans un premier temps, il est demandé à l’UA de soutenir le Plan de Transition conduit par les militaires pendant que l’UA supervisera leur engagement par l’intermédiaire de l’Envoyé spécial. En second lieu, il est conseillé de faire pression pour un partage équilibré du pouvoir entre les militaires et le Gouvernement civil, à cause des menaces sécuritaires qui pèsent sur le Tchad. Troisièmement, la mission recommande à l’UA de faire pression pour nommer un Président civil avec un Vice-président militaire.
Dans le même ordre d’idée, la mission demande au Conseil de paix et de sécurité de tenir compte du fait que la situation actuelle du Tchad est un cas unique. Selon la mission, il y a une grande différence avec la situation vécue au Burkina Faso, au Soudan et au Mali en ce qui concerne la qualification des changements anticonstitutionnels de gouvernement. C’est pourquoi, elle invite le CPS à bien examiner entre autres les recommandations suivantes :
« Réitérer l’engagement et la condamnation sans faille ainsi que le rejet de tout Changement anticonstitutionnel de Gouvernement, adopter une position claire sur le rejet de tout Changement anticonstitutionnel de gouvernement tout en tenant dûment compte de la situation politique et sécuritaire actuelle en République du Tchad et dans la Région, sur la base des constatations soulignées ci-dessus, noter la nomination du nouveau Premier ministre le 28 avril 2021, qui a été chargé d’organiser un Dialogue national inclusif, en vue de rétablir l’Ordre Constitutionnel et l’élection d’un nouveau Président du pays, souligner à nouveau l’impératif de rédiger une Constitution viable et universellement acceptable pour le Tchad qui donnera confiance aux jeunes, aux femmes, aux personnes handicapées de la société et à leur rôle dans la politique. »
Et le rapport de conclure dans ses recommandations que : « La priorité absolue doit être accordée au rétablissement de la paix, de la stabilité et de la sécurité et au retour à l’Ordre Constitutionnel, en gardant à l’esprit que ces deux éléments sont essentiels, cruciaux, sensibles et liés. »