Au Cameroun, les populations de Gaïgaï, d’Ouro-Mal Goudron et de plusieurs localités des arrondissements de Guidiguis et de Taïbong dans le département du Mayo-Kani se sont mobilisés le 29 janvier pour demander l’annulation du décret du premier ministre instaurant un corridor d’éléphants et le parc Ma Mbet Mbet. Par plusieurs centaines, les manifestants ont exprimé leur opposition, obligeant le préfet du Mayo-Kani à descendre sur le terrain.
Armés de flèches, machettes, bâtons et gourdins, brandissant des pancartes, les protestataires – majoritairement des jeunes hommes et femmes – ont exprimé leur colère face à une décision qu’ils considèrent comme injuste et méprisante pour leurs communautés.
L’un des points de discorde concerne l’appellation du parc « Ma Mbet Mbet », perçue « comme une insulte par les habitants, car signifiant le peuple des incirconcis ». Pour eux, il est inacceptable qu’une telle dénomination soit validée par les autorités en plein XXIe siècle. Certains dénoncent une humiliation collective infligée à leur communauté.
Au-delà de cette question symbolique, les manifestants rejettent la priorité accordée à la préservation des éléphants au détriment des besoins humains. Ils dénoncent les difficultés quotidiennes d’accès à la nourriture pour de nombreuses familles, alors que l’État investit dans un parc au lieu de répondre à leurs préoccupations essentielles.
Face à la montée des tensions, le préfet du Mayo-Kani, Mpoumié Njoya Abdoul Aziz, s’est rendu sur place pour tenter d’apaiser la situation. Dans un communiqué publié la veille, il a affirmé que la question des corridors d’éléphants serait réexaminée dans une démarche participative prenant en compte les propositions des populations locales. Il a également assuré qu’aucune opération de déguerpissement n’était prévue dans la zone concernée.
Malgré cet appel au dialogue, les manifestants restent déterminés et menacent de reprendre la mobilisation si aucune mesure concrète n’est prise. Dans ces deux arrondissements, la situation est suivie de près, et certains habitants se disent prêts à rejoindre le mouvement si leurs revendications ne sont pas entendues.
Abdoullkarim Hamadou (correspondant)
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