Dans l’Extrême-Nord du Cameroun, les communes de Koza et de Mozogo, frontalières avec le Nigeria, continuent de subir les affres d’attaques armées attribuées à Boko Haram. En moins d’une semaine, trois incursions dans les villages de la zone ont fait deux morts, plusieurs blessés, et des dizaines de têtes de bétail emportés et des biens matériels pillés.
Il est deux heures du matin, ce 26 mai, lorsque des hommes armés surgissent dans le quartier Guipéré, en périphérie de Moskota. Dagazi Patak, un riverain de 65 ans, est abattu. Une jeune fille de 18 ans, Dawandala Talaka, reçoit une balle par derrière. Elle est transportée au centre de santé intégré du village, sous le choc.
Deux jours plus tôt, dans la même localité, c’est un troupeau qui est visé. Plusieurs coups de feu sont tirés. Medjeme Votsok, un éleveur âgé de 70 ans, tombe sous les balles. Un autre homme, blessé, est évacué à Koza, un autre arrondissement du Mayo-Tsanaga. Cinquante moutons sont emportés, des bœufs aussi, avant d’être retrouvés errants au petit matin.
La veille encore, une trentaine de concessions avaient été pillées dans les villages de Modoko, Guedjele et Medeguer. Céréales, nattes, ustensiles de cuisine, rien n’est épargné.
À l’orée de la saison agricole, ces attaques sèment l’inquiétude. Certains déplacés internes songent à fuir vers les régions du Nord et de l’Adamaoua, réputées plus sûres.
Dans la zone, les regards se tournent aussi vers le camp militaire du BIR de Moskota. La population reproche aux soldats leur faible réactivité et l’absence de patrouilles motorisées autour des villages.
À Moskota comme dans plusieurs localités du Mayo-Tsanaga, l’insécurité persistante menace les moyens d’existence des communautés rurales. Et dans ce contexte, l’enjeu alimentaire devient aussi critique que la sécurité elle-même.
Abdoullkarim Hamadou (correspondant)
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