Reportage- Depuis le début de la crise de Boko Haram dans la province du lac, les activités commerciales de cette région sont au ralenti. Selon certains commerçants devenus déplacés, ils ont tout perdu à la suite des attaques des Boko Haram dans la province du lac. Ils disent même n’avoir rien pour nourrir leurs enfants. C’est le cas de ce commerçant de la province du lac Tchad :
« J’étais commerçant, je faisais mon commerce entre le Tchad et les pays voisins. Je vendais du bétail et j’avais ouvert des boutiques pour mes épouses à la maison. Je vendais aussi du poisson mais depuis que Boko Haram est arrivé, tout cela est devenu impossible pour moi.
En effet, quand les éléments de Boko Haram ont attaqué notre village, nous nous sommes enfuis avec juste nos habits sur le corps et nous n’avons rien pu prendre. Ils ont volé nos bétails et ont tué des hommes dans notre village et l’ont incendié. J’avais surtout des pirogues pour faire du transport. Je transportais des poissons vers d’autres régions. J’ai tout perdu. Ces cheveux blancs que vous voyez, sont une preuve de la souffrance qui est devenue mon compagnon quotidien. »
Le témoignage de ce commerçant prouve, une fois de plus, que les effets de la crise Boko Haram ne sont pas que sécuritaires. La crise a mis à mal la vie des familles, des commerçants, des paysans qui ne peuvent plus cultiver, vendre ou simplement gagner leur vie.
La crise Boko Haram a profondément bouleversé les choses. Les gens se sont déplacés de force. Des espaces auparavant animés avec les trafics commerciaux sont laissés déserts à cause de l’insécurité et des mesures mises en place par les acteurs de la contre-insurrection. Les circulations ont été restreintes. Avec une conséquence majeure, les entraves a la circulation marchande sur l’axe majeur qu’était le lac Tchad – Maiduguri – Kano ou Sud du Nigeria. C’est pourquoi beaucoup de personnes, victimes restent perdues et ne savent plus à quel saint se vouer.