Depuis plus de deux mois, des organisations de la société civile, des partis politique et autres personnes influentes de la société civile tchadienne tel que des artistes musiciens ont lancé des mouvements de protestation contre un sixième mandat de Deby. Ces marches organisées tous les samedis sont placées sous l’égide de la coordination nationale des actions citoyennes. Ce samedi 27 mars, une autre marche a eu lieu, qui s’est soldée une fois de plus par plusieurs arrestations des leaders organisateurs. Mais ces derniers n’entendent pas abandonner. Car d’autres marches sont prévues pour le 3, 10 et 11 avril prochain. Mahamat Nour Ibedou, est un défenseur des droits de l’homme et l’un des leaders de la Convention Tchadienne de Défense des Droits de l’Homme (CTDDH) , il est un des acteurs clés de ces marches, il a été arrêté plusieurs fois. Selon lui, les marches vont continuer malgré la décision du ministre interdisant toute manifestation. « La situation est apparemment toujours la même, puisque nous avons lancé plusieurs manifestations qui se sont soldées par la répression et les arrestations. Deby est à sa 31ème année de règne et il entend encore briguer un sixième mandat. Nous avons déjà défini un chronogramme et rien ne va nous arrêter. Mes nombreuses arrestations me galvanisent plus. Tous les samedis nous allons marcher. L’arrêté du ministre me fait rire. La constitution nous donne le droit de marcher et aucun arrêté n’est au-dessus de la constitution, c’est illégal. Nous continuerons les marches et sommes prêts à envisager d’autres stratégies. Les arrestations nous galvanisent d’ailleurs. »
Ce samedi, lors des marches, une vingtaine de personnes ont été arrêtées et libérées dans l’après-midi. Tout ceci se passe à deux semaines des élections présidentielles.
La campagne pour les élections se déroule dans une ambiance morose
On constate que plusieurs candidats ne font pas campagne, sauf deux ou trois y compris le président sortant et la première dame qui vont au contact des électeurs dans le Tchad profond. Le candidat qui s’est désisté, Saleh Kebzabo, est en ce moment en train de battre campagne pour le boycott, il exhorte par ailleurs les autres candidats à se joindre à lui. « Il y a aujourd’hui une rupture très nette entre la population et le pouvoir de Déby. Pendant la campagne électorale on voit combien l’ambiance est morose. La campagne qui mobilisait toute la population, la mettait debout entrain de chanter et danser, ne le fait plus. Le Tchadien fait face à plusieurs problèmes. Le salaire des fonctionnaires n’est pas payé à temps, les retraités revendiquent leur pension, il y a un sérieux problème de santé, les médicaments coutent chers et les gens sont obligés de recourir aux médicaments de la rue, les gens ne mangent pas ou mangent mal, une fois par jour pour ceux qui peuvent. Nous n’allons pas baisser la garde. En ayant retiré notre candidature, nous prônons le boycott qui sera passif ou actif selon les zones. Nous sommes en province pour cette campagne de boycott. »
Le ministre de la sécurité publique a pris un arrêté interdisant de façon systématique toutes les manifestations et cela jusqu’à nouvel ordre. Pour le président de l’UNDR, le ministre est contre le droit. « Le ministre est contre le droit et est dans l’illégalité. C’est lui qui engendre la violence. Pendant les campagnes électorales, quand on interdit les marches et manifestations, la répression engendre la violence ».