Selon OCHA, « près d’un tiers des ménages sont en situation d’insécurité alimentaire en raison de l’indisponibilité ou de l’accès difficile à une alimentation de qualité, d’une utilisation inadaptée de certains aliments et d’un approvisionnement des marchés fluctuant dans certaines localités » au Tchad. Selon le rapport de l’organisation onusienne, près d’un demi-million d’enfants souffrent de malnutrition au Tchad sous diverses formes, parfois très graves, et beaucoup en meurent chaque année ou en gardent des séquelles. Au Tchad, la malnutrition est un vrai problème de santé publique. Selon l’enquête SMART 2019, 18 provinces sont en situation nutritionnelle alarmante, parmi lesquelles neuf sont en situation critique, avec une prévalence supérieure au taux d’urgence de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Et 13 provinces sont en situation d’urgence, avec une prévalence supérieure au seuil d’urgence de 2%.
Cette situation s’est encore aggravée avec les mouvements de population en raison des attaques de groupes armés dans la province du Lac. OCHA rapporte qu’au mois d’avril 2020, 298 803 personnes étaient en déplacement, tandis qu’en 2017, plus de 103 000 personnes ont été contraintes de se déplacer à la suite de l’expansion des opérations militaires contre les groupes armés dans la zone insulaire du Lac Tchad.
Le rapport note que le Tchad accueille des réfugiés et des retournés en provenance des pays voisins, parmi lesquels plus de 345 000 réfugiés soudanais. Entre la fin 2019 et début 2020, plus de 16 000 personnes sont arrivées au Tchad à cause des événements au Darfour. Des Tchadiens aussi se sont déplacés : on compte plus de 1 200 déplacés à la suite de violences intercommunautaires. Les femmes et les enfants représentent 87% des personnes ayant besoin de protection et d’assistance. 77 000 retournés tchadiens dépendent encore de l’assistance humanitaire cinq ans après avoir fui les violences. Le manque d’accès aux documents civils et à la terre fait que ces personnes ont recours à de mauvais mécanismes d’adaptation, tels que le sexe de survie, la mendicité forcée des enfants, l’exploitation du travail des enfants et leur retrait des écoles, note OCHA.
Ces personnes font aussi face à des urgences sanitaires. Près de deux millions de personnes sont touchées à cause du faible accès aux centres de santé, aux capacités insuffisantes des structures sanitaires en équipements et personnels qualifiés et a la présence de maladies à potentiel épidémique comme la rougeole, le choléra, l’hépatite E et la méningite. L’accès à l’eau potable est à peine de 43% de la population et à l’assainissement de 10%.
Les femmes enceintes aussi souffrent. La mortalité maternelle est élevée : on dénombre 860 décès pour 100 000 naissances. De plus, le paludisme est une des principales causes de mortalité chez les enfants de moins de cinq ans. OCHA souligne que, depuis mars 2020, le COVID-19 a aussi touché le Tchad : on observe que le nombre de cas a augmenté à cause des transmissions communautaires.