Il s’agit des pasteurs Keleypette Dono, Koutou Marabey Pierre et Targoto. Leur crime est d’avoir participé aux manifestations du 27 avril dernier. Le ministre de l’Administration du territoire et de la Décentralisation, Mahamat Bechir Cherif, en signant ce 5 mai l’arrêté pour leurs suspensions, a invoqué le motif de participation à des « activités contraires à la vocation apolitique ». Les trois pasteurs sont interdits de poser tout acte sur le territoire national.
Rappelons que les manifestations ont fait une dizaine de morts et des blessés, les auteurs réels des tirs ne semblent pas avoir été identifiés. La police en a décliné la responsabilité. Plusieurs voix se sont levées pour réclamer une enquête et la justice. L’UNDR, le parti de Saleh Kebzabo, exige des enquêtes pour arrêter les responsables, « des enquêtes serrées dans la règle de l’art, diligentées pour retrouver les auteurs de tirs à balles réelles qui ont endeuillé tant de familles tchadiennes lors des manifestations pacifiques » a déclaré le porte-parole du parti Celestin Topona, lors d’un point presse.
La communauté internationale, elle, appelle au respect des droits de l’Homme. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) déclare que les forces de défense et de sécurité doivent recevoir des instructions claires leur ordonnant de s’abstenir de recourir à la force contre les manifestants pacifiques. Pour le HCDH , elles doivent veiller à ce que tout incident violent soit traité dans le respect de l’État de droit et des lois et normes internationales relatives aux droits de l’Homme.
Le mouvement « Wakit Tamma », qui a appelé a des manifestations ce samedi 8 mai, déclare que le Conseil militaire de transition (CMT) a ignoré les libertés publiques en ordonnant aux forces de défense et de sécurité de tirer sur le peuple, ce qui le disqualifie pour diriger le pays.
Il est aussi à noter que le CMT a demandé aux responsables des manifestations de « recadrer leurs sympathisants et militants afin que la marche s’inscrive dans un cadre purement pacifique », après réception d’une autorisation administrative.