“En temps de crise sanitaire due à la COVID-19, la propagation de «l’infodémie» peut être aussi dangereuse pour la santé et la sécurité humaines que la pandémie elle-même” – Déclaration interrégionale ONU – 6 juin 2020.
Dans un contexte de pandémie, la communauté journalistique et les médias au Sahel ont des responsabilités particulières et un rôle à jouer pour relayer les campagnes sanitaires mais aussi pour tenter de résister à “l’infodémie” et à la déferlante de multiples informations contradictoires sur au Covid-19. Car cet événement planétaire, vécu différemment dans chaque région et pays du monde, soulève de nouveaux défis pour la profession de journaliste.
En effet, la question de la vérité éditoriale est aujourd’hui posée de façon cruciale ; à la difficulté de contrôler des sources souvent lointaines et invérifiables s’ajoutent de multiples rumeurs et opérations de désinformation qui mettent en péril l’éthique de la profession.
Cette question déontologique est particulièrement mise en lumière par la concurrence massive des réseaux sociaux, où la production et la diffusion de l’information est à portée de toutes les mains… et où fleurissent des pseudo-journalistes, blogueurs, activistes et influenceurs de tous ordres qui brouillent les messages tout en s’attirant une large audience. Enfin l’irruption dans tous les pays du Sahel de nombreuses nouvelles radios et chaînes de télévisions privées ou communautaires changent les règles classiques de l’information audiovisuelle, qui tend désormais vers le sensationnel et les débats d’opinion.
Dans ce contexte de “post-vérité”, les citoyens auditeurs, téléspectateurs, lecteurs sont le jouet de rumeurs complotistes et de désinformations de toute nature et la formation de leur opinion sur le Covid-19 fluctue au gré d’un discours scientifique incertain et des décisions gouvernementales contradictoires.
Timbuktu Institute, basé à Dakar, appuyé par le CESTI (Centre d’Etudes des Sciences et Techniques de l’Information) puis Sayara Internationale, a réalisé une série d’émissions sur le traitement médiatique de cette pandémie dans la région sahélienne. Avec une série de questions fondamentales :
Comment articuler un discours responsable et crédible pour des audiences vulnérables qui se réfugient naturellement sur les vérités “clés en main” des acteurs gouvernementaux, communautaires ou religieux ? Quels sont les impacts des réseaux sociaux sur la perception de la vérité par les populations. Quels sont les différents récits qui émergent ? Qui les produit ? Comment sont-ils reçus et assimilés ? Comment se propagent-ils ? Quels sont les effets constatés sur la situation sociale, économique, culturelle et politique