Depuis quelques jours, les magistrats du Tchad sont en colère. Ils s’inquiètent par rapport à l’insécurité quasi permanente à laquelle ils font face dans l’exercice de leur fonction. Un de leur collègue vient d’être assassiné par un justiciable dans son lieu de travail à Oum Hadjer dans le Batha.
Ahmat Mahamat Amba, procureur auprès du tribunal de grande instance d’Oum Hadjer, dans la province du Batha, a été assassiné ce mercredi 23 juin dans son bureau pendant les heures de travail. Un justiciable l’aurait poignardé avec un couteau par deux fois. Transporté d’urgence à l’hôpital, le procureur n’a pas tenu le coup. Le justiciable auteur de cette attaque, a été éliminé par les forces de sécurité.
Les organisations syndicales, le Syndicat des magistrats du Tchad (SMT) et le Syndicat autonome des magistrats du Tchad (SYAMAT), demandent aux magistrats d’arrêter le travail. Leur appel fixe la durée de l’arrêt pour trois jours sur toute l’étendue du territoire national. Une réunion des magistrats, sur convocation du Syndicat des magistrats du Tchad et du Syndicat autonome des magistrats du Tchad est prévue pour examiner la situation d’insécurité qui les menace dans leurs lieux de travail ce lundi 28 juillet à 9h.
Une longue suite de menaces et de marques d’ingérence
Réagissant face à cette situation ayant conduit à la mort du procureur, le ministre de la Justice a parlé d’un acte d’ignoble. Il indique qu’une enquête sera ouverte pour déterminer les responsabilités des uns et des autres et les mesures qui s’imposent.
Ces dernières années, les magistrats du Tchad font face à plusieurs cas de menaces ou d’agression qui conduisent quelque fois à la mort. En 2019, le Syndicat des magistrats du Tchad avait réagi contre le mauvais fonctionnement de la justice avec des ingérences intempestives et des menaces. Parmi plusieurs exemples, en mars dernier à Fada, des parents d’une victime ont menacé de mort Abdallah Mahmat Gnergner, président du tribunal sortant et ce devant les autorités administratives et sécuritaires de la province de l’Ennedi Ouest.
Plus loin encore, en juin 2018, un autre magistrat a aussi été menacé de mort dans l’Est du pays à Iriba. Dehrdian Bab Jonas, procureur au tribunal d’Iriba, qui auditionnait deux présumés assassins, a été interrompu par des hommes armés, entrés pour tuer les prévenus sur le coup. Le président du tribunal a été accusé le lendemain de complicité avec les tueurs et menacé à mort. Ces situations font que les magistrats ne se sentent pas en sécurité dans l’exercice de leur travail. Ces derniers demandent plus d’attention de la part des autorités de la république.