L’information a été bien gardée mais le chef de la junte militaire et président autoproclamé du Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a quitté N’Djamena ce dimanche 4 juillet pour une « visite d’amitié et de travail » en France, selon le communiqué de son cabinet.
Aucun détail n’a été livré sur le programme et seule l’agence de presse AFP, reprise par TV5 et RFI, a relayé l’information . La France, l’ancienne puissance coloniale au Tchad, est le troisième pays visité par le chef de la junte militaire depuis qu’il a pris le pouvoir, après le Niger et le Nigeria, rappelle l’AFP.
Dès le 20 avril, le CMT a proclamé son chef président de la République, dissous le Parlement et le gouvernement et abrogé la Constitution. Il a promis des élections « libres et transparentes » après une période de transition de 18 mois renouvelable une fois. La communauté internationale, l’Union africaine (UA) et la France en tête, ont exigé que cette période n’excède pas 18 mois. Or dès la fin du mois de juin, Mahamat Déby a laissé entendre qu’il n’excluait pas une prolongation. On sait aussi que l’envoyé de l’UA n’a pu venir à Ndjamena la semaine dernière, laissant entrevoir des relations tendues avec les autorités du CMT.
Reprise de la cooperation militaire au Mali
L’armée tchadienne est l’un des principaux piliers de la lutte contre les groupes djihadistes dans le Sahel. Lors des obsèques d’Idriss Déby, M. Macron était le seul chef d’État occidental a être allé à N’Djamena rendre un hommage appuyé au défunt et à rencontrer son fils et successeur.
Cette visite de Deby s’inscrit dans un contexte mouvant et politiquement sensible. Emmanuel Macron avait récemment annoncé un prochain désengagement militaire progressif de la France du Sahel. La force antidjihadiste française Barkhane (5.100 hommes actuellement) devait disparaître au profit d’un dispositif resserré, focalisé sur la lutte antiterroriste et l’accompagnement au combat des armées locales mais ce weekend, le président Macron a décidé de lever la mesure de condamnation de la junte malienne pour reprendre la coopération militaire sur le terrain.
La concomitance des deux évènements ne laisse aucun doute sur la volonté de la France de resserrer des liens avec ses principaux partenaires alors que la situation sur le terrain, au Burkina, au Mali et au Niger, reste des plus fragiles et potentiellement explosives. Il s’agit aujourd’hui de resserrer les rangs avec les alliés traditionnels, sans état d’âme , afin de poursuivre la traque des militants djihadistes.