Depuis plus de trois ans, la situation humanitaire est alarmante dans l’Extrême nord du Cameroun. Cette situation s’explique par les exactions des djihadistes de Boko Haram, par les inondations récurrentes et le climat qui se dégrade, avec pour effet de nombreux dégâts dans les cultures.
Les habitants de la région de l’Extrême nord vivent la peur dans l’âme à cause des attaques de Boko Haram. Cherchant à se mettre en sécurité, beaucoup fuient leurs zones d’origine pour se réfugier ailleurs. Selon le Haut Conseil des Nations Unies pour les réfugiés (HCR), plus de 300.000 déplacés internes vivent en ce moment dans l’Extrême nord du Cameroun, ce qui accentue l’insécurité alimentaire dans cette région.
Selon un rapport du site d’information sur les crises humanitaires, The New Humanitarian, on estime que plus d’un demi-million de personnes dans la région de l’Extrême-Nord au Cameroun, ont un besoin urgent d’aide alimentaire. Les attaques de Boko Haram ont poussé les agriculteurs à déserter leurs champs.
Les populations face à l’insécurité alimentaire et les perturbations climatiques
Selon les estimations de OCHA, 54% des ménages font face à des pénuries alimentaires dans les régions du Nord et de l’Extrême-Nord du Cameroun. La production céréalière a baissé, car 70 % des agriculteurs n’exploitent plus leurs terres. Le commerce ne fonctionne plus normalement en raison du fait que le trafic entre le Nigéria et le Cameroun est au ralenti. Plus de 60% des revenus de la région sont généralement issus du commerce transfrontalier avec le Nigeria et le Tchad.
Pire, le commerce de détail est aussi au ralenti. Les prix des denrées alimentaires ont augmenté et le pouvoir d’achat des populations est en baisse à cause du manque d’activités génératrice de revenus. Selon le Ministère en charge du commerce, les prix des produits de base, tels que le maïs, le sorgho et l’essence, ont augmenté de 20 à 80%. La conséquence est que les habitants de l’Extrême-Nord du Cameroun sont plus impactés par le conflit avec Boko Haram et par les inondations de cette saison des pluies. Un rapport de OCHA publié en juin dernier, indique que ces populations ont des besoins dans les secteurs de l’eau, de l’hygiène et assainissement, de l’abri, des articles ménagers et non alimentaires, de la santé, de la protection, l’éducation et la sécurité alimentaire.
Beaucoup d’humanitaires se sont mobilisés pour venir en aide à ces populations mais selon OCHA, le financement de l’aide reste faible : 5,9% seulement du montant total de la réponse humanitaire a été mobilisé.