Le mariage précoce est source de beaucoup de problème chez les jeunes filles victimes. Les conséquences peuvent être d’ordre sanitaire, avec des fistules dues aux grossesses précoces. Il y a aussi le risque de mortalité en couche ou des soucis de fertilité après le premier enfant, sans oublier le risque de déscolarisation et de privation de l’enfance.
Au Niger, le code civil fixe à 15 ans l’âge du mariage chez les filles. Mais cette disposition juridique situe le Niger parmi les pays ayant le taux le plus élevé de mariages précoces en Afrique. Selon l’UNICEF, 3 filles sur 4 se marient avant 15 ans, essentiellement dans les zones rurales et dans les familles peu alphabétisées. Le Niger selon une enquête démographique et de santé réalisé en 2012, est le premier pays d’Afrique en termes de mariage précoce. Selon cette enquête 76,3% des femmes de 20 à 24 ans et de 40 ans interrogées ont été mariées avant 18 ans.
Plusieurs actions sont menées pour remédier à cette situation par le gouvernement et la société civile ainsi qu’avec les ONG.
Un plan stratégique a été mis en place pour mettre fin a ce fléau
Le gouvernement a entrepris plusieurs actions de formation et de sensibilisation qui ont pour but d’amener les populations à prendre conscience du danger auquel le mariage précoce expose les jeunes filles. Elles ne concernent pas que le ministère en charge de la protection des enfants mais aussi tous les ministères sectoriels tel que la justice, la santé et l’éducation.
Des formations sont organisées en faveur des acteurs de la protection, qui proviennent des services de l’Etat ou des ONG, sur les dangers auxquels s’expose la jeune fille victime de mariage précoce. Un plan stratégique a été mis en place pour mettre fin a ce fléau. Comme le programme tire à sa fin, le gouvernement veut reprendre l’étude pour voir le niveau actuel du phénomène après trois ans de mis en œuvre du premier plan.
Au niveau du ministère de la promotion de la femme et de la protection de l’enfant, deux grandes stratégies sont basées sur une approche communautaire au niveau des régions et au niveau des villages avec des facilitateurs recrutés qui discutent directement avec les populations. Le Niger s’est engagé à éliminer le mariage d’enfants d’ici 2030 conformément aux objectifs de développement durable.
Des ONG accompagnent aussi le gouvernement dans la lutte
Les partenaires du Niger dans la lutte contre le mariage précoce des enfants sont l’UNICEF, l’UNFPA et le PNUD. Ils mettent en œuvre l’initiative spotlight qui lutte contre toutes les violences faites aux femmes et aux filles, avec d’autres ONG qui œuvrent dans le domaine de la protection de l’enfant.
En août 2013 dans les régions de Tahoua, Tillabéri, Zinder, Maradi et Niamey, des espaces sécurisés ont été créés pour les adolescentes, a l’initiative de L’UNFPA. Ces lieux permettent aux personnes marginalisées de se réunir afin de communiquer autour de leur expérience de marginalisation. Dans le cadre de l’UNFPA, il s’agit d’un programme qui sensibilise, les filles de 10 à 19 ans sur les mariages d’enfants et la prévention des grossesses chez les adolescentes.
Des ONG locales mènent aussi des actions contre ce phénomène. Une ONG dirigée par Mme Mariama Moussa, SOS Femmes et Enfants Victimes de Violences Familiales (FEVVF), mène des séances de sensibilisation dans le cadre de la prévention du mariage précoce et forcé dans 32 villages de la région de Tillabéri. Mariama Moussa a remporté en 2014 le prix Women For Change avec ce programme de lutte contre le mariage précoce et forcé des jeunes filles au Niger.
La présidente de l’ONG interrogée par l’Agence Nigérienne de Presse, ne cache pas ses sentiments contre le mariage précoce : « Malgré la signature de la convention des droits des enfants, il y a une certaine discrimination qui est faite à l’encontre de la jeune fille. La religion n’a jamais autorisé qu’une fille se marie sans son consentement, alors que tous les cas de mariage précoce que nous recevons sont des cas de mariage précoce forcé ou tentative de mariage précoce. » explique-t-elle.