Le gouvernement Burkinabé a toujours du mal à mettre en œuvre son plan d’urgence pour sauver les écoles fermées à causes des menaces terroristes. Une stratégie nationale d’éducation en situation d’urgence 2020-2024 qui prévoit la réouverture des établissements scolaires, la prise en charge des élèves déplacés internes et des enseignants, la réalisation d’infrastructures scolaires, la réhabilitation des infrastructures dégradées par des activités terroristes ou des phénomènes naturels.
Jusque-là rien de concret ne se fait et un demi-million d’élèves ne peuvent toujours pas aller à l’école à cause de l’insécurité. La réouverture des écoles sur l’ensemble du territoire national est de fait lié à la sécurisation du pays. Si le gouvernement reste vague sur sa stratégie de lutte contre le terrorisme, Apollinaire Kyelem de Tambela estime, pour sa part, que l’accent doit toutefois être mis sur cet aspect du problème : « Il faut d’abord expulser les éventuels complices qui sont au sein de l’Etat et qui transmettent des informations. Ensuite, il faut impacter les populations locales dans la lutte en leur faisant savoir que c’est à elles de mener la lutte pour leur propre libération. Il faut les former et leur donner des moyens. Infiltrer également les groupes djihadistes et les faire exploser de l’intérieur ».
Pour aborder ce sujet, le premier ministre Lassina Zerbo était face aux députés à la fin de la semaine dernière. Le premier ministre n’a pas vraiment été convaincant. Selon lui, les membres du gouvernement prendront « une part active » dans la mise en œuvre de la stratégie nationale de l’éducation en situation d’urgence afin d’éviter aux enfants affectés par l’insécurité de « tomber dans l’analphabétisme, terreau fertile du recrutement terroriste ». Selon le gouvernement, des espoirs existent tout de même pour l’avenir des élèves. Les délocalisations scolaires ont ainsi permis la réinscription d’environ 136.000 élèves déplacés à travers plus de 3.000 établissements dans l’ensemble du pays.
Cette explication n’a pas fait attendre la réaction de certains députés. Selon un député :« C’est une énumération des déclarations d’intention et des chiffres. Il n’a pas évoqué de moyens particuliers pour parvenir aux résultats qu’il propose. Peut-être que le Premier ministre a sa stratégie qu’il n’a pas voulu révéler pour que les infiltrés au sein du système ne le transmettent pas aux adversaires, c’est à dire aux djihadistes. Ce serait tout à fait compréhensible »
Tout le monde attend donc la mise en œuvre concrète de la stratégie nationale et surtout des résultats rapides. Mais, les chiffres relatifs aux écoles fermées du fait du terrorisme inquiètent. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Alkassoum Maïga, fait le point en ces termes : « Nous sommes à 3.280 établissements scolaires fermés. Ce qui représente 13,09% de l’ensemble des structures éducatives de notre pays. Sont concernés 511.221 élèves et 14.901 enseignants. Pendant ce temps, il y eu quand même des réouvertures, soit 205 établissements. 39.812 élèves et 1.099 enseignants sont concernés par ces réouvertures »