Selon les données de l’antenne régionale du bureau national d’état civil (Bunec), plus de 400 900 enfants n’ont pas d’actes de naissance à l’Extrême-Nord. Parmi eux, 37 000 sont des élèves du cours moyen deuxième année. Ils risquent de rater l’examen de fin d’année scolaire faute du précieux sésame. Les efforts fournis par les pouvoirs publics et leurs partenaires font face à des difficultés à l’instar de l’éloignement des centres d’état civil, la non déclaration des naissances effectuées à domicile, l’insuffisance des personnels qualifiés, les fraudes documentaires ou encore l’arnaque des usagers.
Pour lever ces blocus, le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR), en partenariat avec la Faculté des Sciences juridiques et politiques (Fsjp) de l’Université de Maroua, a organisé le 13 avril dernier, une conférence-débat sur les risques d’apatridie. Il a été question au cours de cette rencontre d’attirer l’attention de l’opinion nationale et internationale sur la situation des enfants dans le besoin d’actes de naissance.
Les échanges ont permis de définir la notion d’apatridie, ses causes, ses conséquences, les statistiques dans la région de l’Extrême-Nord, et les solutions à envisager. Selon Georges Comlan Dagbelou, chef de la sous-délégation du HCR à Maroua, l’organisation de la conférence en milieu universitaire visait à rallier les étudiants à cette cause. « L’université est un milieu de connaissance et de partage. Les étudiants sont issus des familles et c’est au sein de ces familles qu’ils doivent partager cette information et sensibiliser les parents à établir les actes de naissance à leurs enfants » a-t-il justifié et de poursuivre, « Le HCR travaille au côté de l’Etat. Et vous savez que notre rôle c’est un rôle d’appui de l’Etat à adopter des législations ou des lois qui permettent de prévenir l’apatridie en produisant la documentation d’état civil ».
Partenaire du Haut-commissariat pour les réfugiés, la faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université de Maroua (Fsjp) accompagne l’action de l’organisme onusien dans son combat contre l’apatridie. C’est pourquoi à en croire le Pr Spener Yawaga, Doyen de cette faculté, l’événement organisé à l’université de Maroua avait un grand intérêt. « Cette initiative devrait déboucher sur un changement sur le terrain, dans la mesure où des étudiants et autres personnes sont sensibilisés et à leur tour, ils vont sensibiliser la population. Tous ceux qui ont suivi cette conférence-débat ont compris l’importance de posséder l’acte de naissance. L’université va approfondir la question pour comprendre pourquoi les gens ne veulent pas déclarer les naissances. Cela se fera à travers les recherches que nos étudiants pourront effectuer pour leurs sujets des mémoires et de thèses », a souligné le doyen de la Fsjp.
Ibrahima Adama, à Maroua