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Économie

A l’espace Talino « rien ne se perd, tout se transforme »

23 septembre 2022
Temps de lecture : 4 minutes

Par Samira Abdoulaye Rabe

La mission diplomatique néerlandaise au Tchad en collaboration avec Le G5 Arts organise du 21 au 24 septembre 2022 à l’espace culturel Talino Manu, un atelier sur la promotion de l’entrepreneuriat culturel au Tchad. Ndarason a visité les ateliers.

Dès l’arrivée, on est frappé par la concentration de ces dizaines de jeunes regroupés dans trois ateliers: le recyclage et la transformation des pneus en meubles, l’art culinaire et la photographie.

Gore Mbaitoloum, le Conseiller aux Affaires diplomatiques et politiques à l’Ambassade des Pays-Bas au Tchad a troqué veste et cravate contre un tee-shirt, un jean et des baskets. Il virevolte d’un groupe à l’autre, disponible. Un mot ici, une tape amicale sur un artiste. « Avec G5 Arts et l’espace Talino nous avons voulu créer cette plateforme pour favoriser le brassage entre les entrepreneurs et des professionnels de la culture», explique-t-il.

Autour de Sylvie Pitimbaye, 19 jeunes percent des pneus. Ils sont en sueur. Sylvie Pitimbaye, formée dans le domaine bancaire, s’est reconvertie dans l’art de la récupération. Une vraie autodidacte. « Passionnée par la décoration, j’ai voulu créer mon emploi. La matière première est là, disponible. De ces pneus inutiles, polluants, je crée des fauteuils, des canapés, des poufs. »

Solides, moins chers, ses meubles sont appréciés par les Tchadiens, mais aussi des expatriés. Souriante, déterminée, elle est fière de sa jeune boîte, « Noudji Decor », qui compte déjà 5 employés. Son entreprise est complètement écologique. « Ces meubles fabriqués à partir des pneus , ce sont moins d’arbres coupés pour leur bois », glisse-t-elle avec un sourire en coin. Au cours de cet atelier, 19 jeunes seront formés sur l’importance du recyclage. C’est une manière non seulement d’entreprendre, mais aussi de protéger l’environnement. Avec Sylvie Pitimbaye, « rien ne se perd, tout se transforme ».

Dans un autre coin de l’espace Talino, des tables sont dressées. Nous sommes à l’atelier “gastronomie et art culinaire”. Dans son habit immaculé de Chef cuisinier, Renaud Warady veille sur une troupe de jeunes en uniforme. “Au Tchad, notre métier n’est pas valorisé, il y a très peu de formations. Les restaurants préfèrent engager des personnes non formées pour payer moins. Or, la restauration est un art”.
Les jeunes boivent littéralement les paroles du Chef cuisinier. Il leur apprend les notions d’hygiène, la manière de préparer des plats, de les présenter. Auprès du Chef Warady, les jeunes apprennent les notions théoriques sur la cuisine, mais aussi pratiques. “Il faut qu’ils apprennent à prendre soin du client, à le chouchouter pour qu’il revienne.”

De cette case où flotte une odeur de café, le regard du visiteur de l’espace Talino Manu est attiré par de nombreuses photos du photographe Salomon Bombaye, un géant de la photo. Le monsieur est lui-même imposant. Lui apprend aux jeunes passionnés, l’art de la photo. “Je leur apprends quelques techniques pour la prise des photos, mais aussi la patience, une photo doit être bien pensée.”

Formé en Allemagne M.Bombaye a sillonné le monde et exposé ses photographies dans de nombreux pays.
“Un photographe est un témoin”, dit-il. Il raconte l’histoire de la célèbre photo d’une jeune vietnamienne brûlée par le napalm immortalisé par un photographe pendant la 2ème guerre mondiale. “Cette photo a mieux raconté l’horreur de la guerre que plusieurs discours”.

Gore Mbaitoloum:  » l’Ambassade des Pays-Bas est à l’écoute des jeunes pour booster leur créativité et leur apporter son soutien »

Pour Gore Mbaitoloum le souhait de l’Ambassade des Pays-Bas est que “la ‘cinquantaine de jeunes gens actuellement en formation dans les domaines de la gastronomie, la photographie et le recyclage écologique des pneus soient outillés sur ces différents métiers afin de se lancer professionnellement’. L’Ambassade des Pays-Bas ‘reste à l’écoute des jeunes pour booster leur créativité et leur apporter son soutien’, conclut Gore Mbaitoloum.

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Samira Abdoulaye Rabe