Après la réaction du Secrétaire General de l’ONU qui est intervenue deux jours après les violences au domicile de l’opposant, candidat déclaré aux élections présidentielles d’Avril 2021, on continue d’enregistrer d’autres réactions. Notamment celle de la France, de Amnesty International et de l’ONG AHA qui eux aussi recommandent l’ouverture d’une enquête indépendante et crédible, l’apaisement du climat politique et le dialogue à la veille des élections.
Pour rappel le secrétaire général de l’ONU par l’intermédiaire de son porte-parole Stéphane Dujarric, regrettait « le recours à la violence, et les pertes en vies humaines à la suite de l’opération meurtrière menée hier à la résidence de M. Yaya Dillo, candidat à la présidentielle. » Ce qui l’a donc poussé a : « exhorter les autorités nationales à mener une enquête rapide et rigoureuse sur l’incident et à en tenir les auteurs responsables. »
D’autres réactions n’ont pas tardées à être enregistrées.
La France veut « une enquête impartiale au plus vite » et Amnesty craint « une escalade de violence »
C’est par la voix de Jean Yves le Drian que la France réagit en ces termes : « Yaya Dillo, qui était sur le coup de deux mandats d’arrêt antérieurement, qui a opposé de la résistance à des mandats judiciaires, bon… mais ce n’est pas une raison pour aboutir à la perte de plusieurs vies humaines ! Nous invitons solennellement le Tchad à conduire au plus vite une enquête indépendante et impartiale pour faire toute la lumière sur ces événements tragiques. Je le dis publiquement ! »
Le chef de la diplomatie Française insiste aussi sur le fait que la situation actuelle ne garantit pas une participation équitable à tous aux élections. C’est pourquoi, il demande aux autorités Tchadiennes de « garantir la participation de l’opposition, ainsi que les libertés de réunion et l’accès aux médias. C’est tout à fait essentiel pour la stabilité du Tchad. Nous l’avons fait passer à plusieurs reprises au président Déby ». Jean Yves le Drian s’exprimait ainsi devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale française.
Amnesty International demande elle aussi une enquête : « les autorités doivent ouvrir de toute urgence une enquête indépendante, impartiale et efficace sur le recours à la force meurtrière lors d’une descente au domicile de Yaya Dillo, candidat de l’opposition à l’élection présidentielle et sur l’homicide de proches de cet homme » lit-on dans son communiqué. Ensuite l’ONG déplore : « des violations qui prennent la forme d’une interdiction de manifester et d’arrestations arbitraires »
Amnesty International exige de « rétablir l’espace politique et civique au Tchad, qui se réduit à grande vitesse actuellement, en garantissant le droit à la liberté d’expression et de réunion, et en assurant que la connexion Internet ne connaisse aucune interruption ».
L’ONG AHA, une organisation humanitaire spécialisée dans la protection des droits humains, condamne ce qu’elle appelle une agression. Elle appelle toutes les associations de défense de droit de l’homme a réagir elles aussi. Devant la dégradation de la situation actuelle au Tchad, l’ONG-AHA interpelle la communauté internationale et la France sur cette répression sanglante à l’encontre d’un candidat à la présidentielle. Elle demande au peuple tchadien de manifester sa solidarité totale et entière à l’égard de Yaya Dillo et exige l’ouverture d’une enquête internationale pour faire toute la lumière sur cette tragédie.
Incertitudes autour de la crédibilité des élections, des candidats se retirent
Saleh Kezabo, poids lourd de l’opposition et candidat déclaré aux élections présidentielles, a réagi le premier pour retirer sa candidature : « En mon âme et conscience, j’ai décidé de suspendre ma participation au processus électoral. Nous avons des dirigeants indignes du peuple tchadien dont ils ont confisqué la souveraineté » a-t-il déclaré ce 1er Mars. Cette réaction se justifie par le fait que selon lui, le président Déby intimide ses adversaires et tout présage que les candidats ne seront pas en sécurité pendant la campagne. Le porte-parole du parti au pouvoir Me Jean Bernard Padaré, accuse Kebzabo de faire de la récupération politique.
Pendant que beaucoup d’autres acteurs clés de l’opposition se posent des questions, Ngarleydji Yorongar, lui aussi figure de l’opposition, propose le report des élections : « L’élection doit être reportée pour qu’on puisse s’asseoir autour d’une table et examiner ce qu’il faut faire. Si nous partons les yeux fermés, ce sera un massacre. Je ne vais pas aller à Bébédjia, je ne vais pas aller à Moundou, au risque de me faire massacrer avec mes parents. »
C’est donc cette situation qui prévaut à quelques jours du lancement officiel de la campagne pour les présidentielle. La situation continue d’évoluer, les gens se concertent, réfléchissent pour trouver des stratégies pour que tout se passe dans de bonnes conditions. Peut-être y aura-t-il d’autres retraits.
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