Au moins 20 pêcheurs ont été tués dimanche matin lorsqu’un avion de chasse de l’armée nigériane a bombardé Kwatar Daban Masara, un village bordant le lac Tchad. Des sources militaires ont indiqué à l’AFP que la frappe aérienne était censée viser un bastion de l’État islamique d’Afrique de l’Ouest (ISWAP). Kwatar Daban Masara est un village du lac Tchad, à cheval sur le Nigeria et les voisins du Niger, du Tchad et du Cameroun. La zone est connue comme étant un bastion de l’ISWAP.
Labo Sani, un pêcheur de Kwatar Daban Masara, a déclaré que le village au bord du lac était « la porte d’entrée des camps ISWAP sur plusieurs îles ». Il a déclaré avoir été témoin de l’incusion, qui s’est produite dimanche à 6 heures du matin. Un autre pêcheur, Sallau Arzika, a déclaré que l’avion de chasse avait frappé le village « tuant beaucoup de nos gens qui sont là pour pêcher ». « Le nombre initial de morts était d’environ 20, mais le chiffre a augmenté avec la mort de nombreux blessés », a déclaré Arzika.
L’ISWAP a récemment levé l’interdiction des pêcheurs sur son territoire, leur permettant de pêcher en eau douce, moyennant le paiement de frais. Cette autorisation avait conduit à un afflux de pêcheurs qui avaient abandonné la zone en raison de violents conflits. « Tout pêcheur qui se rend dans cette zone le fait à ses risques et périls car c’est un territoire ennemi et il n’y a aucun moyen de les distinguer des militants« , a déclaré un membre des services de renseignement.
Selon les informations reçues par les services de renseignement, a-t-il dit, « le nombre de morts est bien supérieur à 20 », ajoutant que la frappe aérienne était basée sur « des informations crédibles » d’un rassemblement de combattants de l’ISWAP dans la région. La surveillance aérienne et les rapports sur le terrain provenant d’autres sources ont révélé que les membres de l’ISWAP se rassemblaient à Kwatar Daban Masara depuis mercredi et qu’il était « évident qu’ils préparaient une attaque ». Il a déclaré à l’AFP que « c’était une attaque préventive pour détruire tous les projets que les terroristes préparaient. On ne s’attend pas à ce qu’un civil innocent soit là et quiconque s’y trouve fait certainement partie des extrémistes. »
Mercredi 15 septembre, une autre attaque par erreur était déjà survenue : 10 personnes étaient mortes et plus de 20 autres lorsqu’un avion de chasse de la Nigerian Air Force (NAF) a accidentellement bombardé le village de Buhari dans la zone du gouvernement local de Yunusari dans l’État de Yobe. Lorsque les premiers rapports suggérant qu’un avion de chasse appartenant à la NAF avait attaqué des civils, les autorités militaires avaient démenti ces affirmations. L’armée de l’air avait ensuite assumé la responsabilité du coup.
Une source militaire a déclaré aux journalistes que le bombardement était « accidentel » et qu’il visait un camp de Jamā’at Ahl as-Sunnah-Da’way Wa’l-Jihād (JAS), plus communément appelé Boko Haram. Le porte-parole de la NAF, Edward Gabkwet, a affirmé qu’il y avait un avion de chasse dans la zone et que « le pilote a tiré des coups de sonde ». Il a déclaré que « la région est bien connue pour les activités continues de Boko Haram/État islamique d’Afrique de l’Ouest ».
