Au Cameroun, plus de 2 millions de personnes sont affectées par l’insécurité alimentaire aiguë, selon une étude rendue publique récemment par le ministère de l’agriculture et du développement rural, relayée par le journal l’œil du Sahel. L’étude pointe les régions du Nord et de l’Extrême-Nord qui enregistrent le plus grand nombre de personnes.

Depuis une vingtaine d’années, les populations du bassin du Lac Tchad subissent de plein fouet les effets conjugués des changements climatiques et de l’insécurité. L’Extrême-Nord du Cameroun, en particulier, fait face à des inondations, des sécheresses, des attaques de cultures par les chenilles légionnaires et la destruction des champs par des éléphants. Ces calamités accentuent une insécurité alimentaire déjà aggravée par les violences du groupe terroriste Boko Haram.

Selon le rapport du Cadre Harmonisé publié ce décembre, plus de 2 000 000 de personnes sont aujourd’hui en insécurité alimentaire dans le Grand-Nord, soit deux fois plus qu’en 2023. Les départements de la Bénoué et du Mayo-Louti, dans la région du Nord, ont enregistré un arrêt brutal des pluies durant 28 jours consécutifs, entraînant d’importantes pertes de céréales. Dans l’Extrême-Nord, des pluies torrentielles ont détruit plus de 39 000 hectares de cultures, notamment dans les départements du Logone-et-Chari et du Mayo-Danay.

Malgré les efforts du gouvernement pour soutenir les producteurs à travers des appuis en semences et engrais, le défi reste immense. Pour Gabriel Mbairobé, ministre de l’Agriculture et du Développement rural cité par le trihebdomadaire L’Œil du Sahel dans sa parution du 13 décembre dernier, « environ 8 827 hectares de cultures sont sous les eaux dans le Logone-et-Chari. Nous travaillons à améliorer les dispositifs d’alerte pour anticiper ces crises et limiter les impacts ».

Alors que l’inflation sur les denrées alimentaires atteint 5,7 %, l’insécurité alimentaire touche désormais plus de 3 millions de Camerounais. Le défi est colossal pour répondre aux besoins urgents des populations.

Abdoullkarim Hamadou (Correspondant)