Le Dr ABDERAMANE MBODOU CHOUKOU de la CNARR, la Commission Nationale d’Accueil de Réinsertion des Réfugiés et des Rapatriées(CNARR) a fait une présentation bien documentée sur la crise très complexe et multidimensionnelle qui frappe la région du Bassin du Lac-Tchad.
Durant le pré-forum, plusieurs spécialistes ont fait des exposés pour comprendre la crise qui frappe la région du Lac. D’après le Dr ABDERAMANE MBODOU , qui travaille beaucoup sur ces questions, cette crise est due principalement à la présence des groupes armés non étatiques qui entraînent des déplacements de la population.« Presque 80% de ces déplacements sont liés à des attaques des groupes armés. »
Le Dr ABDERAMANE MBODOU estime qu’il est très difficile de connaître précisément le nombre de combattants qui composent ces groupes armés qui sévissent dans la région du Lac-Tchad. Ils sont principalement liés à Jamāʿat Ahl al-Sunnah li-l-Daʿawah wa al-Jihād et l’Etat islamique .
Sur ces questions sécuritaires viennent se greffer d’autres défis comme le rétrécissement de la superficie du Lac-Tchad à cause des changements climatiques. « Dans les années 60, la superficie du Lac-Tchad était de 25 000 km2 aujourd’hui elle est de 2 000 km2 », avec toutes les conséquences que l’on peut imaginer pour les populations qui vivent notamment de la pêche.
Cette dégradation de l’environnement a mis en péril les moyens de subsistance traditionnels de la population et déclenché la concurrence pour les ressources de plus en plus rares. « Cette concurrence crée entre autres des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs, oblige des populations à migrer à la recherche des terres. »
Pourtant, stabilisée, la région pourrait même être « le grenier du Tchad », mais l’insécurité ne permet pas le développement de la province du Lac.
Pour changer cette dynamique, il faut d’après le Dr ABDERAMANE MBODOU « une plus grande présence de l’Etat, développer les services de base, les écoles, les services de santé, créer des emplois et mettre un accent particulier sur la sensibilisation des jeunes pour qu’ils ne succombent pas aux discours de Jamāʿat Ahl al-Sunnah li-l-Daʿawah wa al-Jihād notamment. »
Il a salué le travail des radios comme Ndarason, car « les journalistes jouent un rôle très important. Tout ce que nous faisons sera vulgarisé par les hommes des médias. Sans le personnel des médias, les messages ne vont pas passer. »
Le Dr ABDERAMANE MBODOU espère que ce forum sera une occasion de trouver les réponses aux nombreux défis du bassin du lac Tchad.