Par Moustapha Gombo Cherif
Quatre artistes français ont travaillé avec quinze jeunes artistes tchadiens sur différentes techniques qui mènent à une production musicale de qualité et digne de compétition. Mission accomplie par Selim Bousbaine manager et propriétaire du Label Wouldi et ses amis sur Invitation de l’Institut Français du Tchad. L’espoir est permis pour les artistes stagiaires.
Quatre jeunes artistes français ont troqué la douceur printanière de mars pour la petite tempête de poussière de sable qui souffle sur N’Djamena où le mercure flirte avec 40 degrés Celsius. « Pihpoh » est chanteur et slameur connu en France. Il a déjà travaillé avec le célèbre chanteur Franco-Rwandais, Gael Faye, l’auteur du « Petit pays ». Pierre Michel est musicien, Célestin Soum est technicien et Selim Bousbaine leur producteur.
Pendant cinq jours, à travers une série d’ateliers intenses et variés, les quatre artistes français ont travaillé avec quinze jeunes artistes tchadiens sur différentes techniques qui mènent à une production musicale de qualité et digne de compétition, explique Selim Bousbaine, le producteur et manager du groupe et animateur radio : « L’idée est de transmettre ce que nous avons appris en Europe, essayer de donner confiance aux jeunes tchadiens, leur montrer qu’ils peuvent travailler et réaliser leurs rêves malgré les difficultés de la vie », raconte avec passion Selim Bousbaine. En évoquant cette expérience, l’artiste, ému a la chair de poule et des larmes visibles dans les yeux. Selim Bousbaine est porté par une autre conviction : « En partageant mon expérience avec des jeunes africains, ceci est ma façon de faire revivre mes grands-parents originaires d’Afrique du Nord. »
D’origines ethniques diverses, les 15 jeunes artistes rappeurs en herbe tchadiens ont beaucoup appris de leurs collègues français : écriture des textes de musique, la programmation musicale, le jeu des lumières, la production musicale, etc.
Mieux, les jeunes artistes tchadiens ont également appris l’entrepreneuriat, les techniques pour écrire, présenter et défendre des projets de production musicale, la recherche des financements. Pierre Hubert Touchard, le directeur de l’IFT est satisfait : « Nous recevons des projets mal écrits, qui demandent de grosses sommes, mais qui nous sont difficiles à financer. Après cette formation nous espérons recevoir de bons projets, bien présentés », espère M. Touchard.
Wawy B, une révélation
L’atelier a pris fin vendredi le 25 mars dans la soirée par une prestation et une démonstration de mise en pratique sur scène des connaissances acquises. Le formateur et musicien rappeur Pierre Enderlene alias « Pihpoh » a été impressionné par la performance des 15 jeunes participants à l’atelier qu’il appelle affectueusement « les élèves ». La soirée a été marquée par une révélation : Wawy B, une rappeuse tchadienne de 18 ans a ému le public. « Je ne trouve pas de mot pour dire exactement ce que j’ai découvert en cette jeune fille. Elle est tout simplement une fine fleur de la musique Rap tchadienne », s’est exclamé M. Pierre Enderlen après sa prestation. « Sans rien promettre, je la présenterai aux grands de la musique que nous connaissons, la suite… Qui sait ! ». Pihpoh a été fortement surpris par la vitesse et les capacités d’apprentissage des « élèves ». Il espère les revoir d’ici deux ans pour évaluer l’étape franchie et avancer. Espoir partagé par le directeur de l’Institut Français du Tchad, Pierre Hubert Touchard : « Nous ne promettons rien, mais nous y travaillons »