À Golonti, petit village du centre du Tchad, l’éducation ne se limite pas à une simple salle de classe. Grâce au soutien de l’ONG ASRAD et de l’UNICEF, avec le soutien financier du gouvernement allemand, enseignants, parents et organisations féminines collaborent pour assurer l’accès à l’éducation. Aujourd’hui, on constate des classes mieux équipées, des élèves plus assidus et un accroissement de l’autonomie des femmes.
En grimpant les collines rocailleuses qui entourent Golonti, on peut véritablement percevoir toute la vitalité. Là, à environ vingt kilomètres de Mongo, les habitants s’emploient à faire de l’école un véritable levier de transformation sociale. Lors de notre visite, les élèves étaient en vacances, mais les responsables en charge de l’éducation et les parents acceptent de témoigner. Tous racontent une histoire similaire : celle d’un village qui décide qui de prendre en main son destin.
Une école debout, malgré les défis
À Golonti comme dans les autres localités sous la responsabilité administrative de l’Inspection de Niergui, l’éducation repose en grande partie sur l’engagement communautaire. Sur les 260 enseignants recensés, une écrasante majorité n’est pas qualifiée, mais rémunérée de manière informelle par les parents. C’est une charge lourde dans cette partie du pays où les ménages sont à revenus moyens.
Et pourtant, le tableau a changé en quelques années. On a observé la construction de salles de classe, forages d’eau potable, latrines rénovées, fournitures scolaires disponibles, guides pédagogiques en main, les écoles ont peu à peu retrouvé la stabilité. Le projet est porté par l’ONG ASRAD et l’UNICEF avec un appui du gouvernement allemand, a permis d’améliorer les conditions d’apprentissage dans tout le secteur.
« Avant, les enfants manquaient souvent les cours, les enseignants aussi. Aujourd’hui, les choses ont changé », explique le président de l’Association des Parents d’Élèves.
« Ce qui a rehaussé le taux d’achèvement de 86,5 % à plus de 88 % en un an. Et ce sont surtout les filles qui progressent », renseigne Adoum Doungous, inspecteur de l’enseignement primaire de Niergui.
Briser le tabou des règles pour maintenir les filles à l’école
À Golonti, une problématique longtemps ignorée à savoir l’hygiène menstruelle, a enfin été abordée avec sérieux et détermination. « Avant, les filles ne venaient plus à l’école dès qu’elles voyaient leurs règles. Elles n’avaient pas de quoi se protéger. Certaines finissaient par abandonner », confie Manara Adoum, secrétaire générale du groupement féminin Assiha.
Fondé il y a quatre ans, ce groupement s’affirme aujourd’hui comme un modèle d’initiative locale. Ses membres se consacrent à la fabrication de serviettes hygiéniques lavables et réutilisables, vendues à petit prix ou offertes aux élèves les plus vulnérables. « Nous voulons que toutes les filles puissent continuer l’école dignement, avec confiance », insiste Manara.
Durant de nombreux mois, le groupement féminin s’est aussi diversifié. Les membres ont procédé à la production de savon, de culture maraîchère, de gestion d’une caisse de solidarité. L’initiative vise à permettre aux femmes d’être autonomes et de mieux soutenir la scolarité de leurs enfants.
Une implication collective forte
Abdramane Baïdary, directeur de l’école, explique que les difficultés existent, mais affirme que les avancées ont été observées. « Nous avons deux enseignants de l’État, le reste, ce sont des volontaires. Ils tiennent bon, par engagement. Ils sont du village. »
Ce sens du collectif se retrouve chez les mères d’élèves. Chaque jour, elles se relaient pour nettoyer la cour, les latrines, motiver les enfants et sensibiliser surtout les jeunes filles à l’importance de rester à l’école. « Nous voulons qu’elles aillent plus loin que nous. »
Les clubs d’hygiène et de nutrition quant à eux, ont mis en place dans les écoles, les journées pédagogiques organisées pour les enseignants. Elles ont contribué à faire évoluer les pratiques et les mentalités en permettant d’assurer le suivi effectué par les parents à travers les APE/AME. Ce qui renforce cette dynamique dite de proximité.
Un avenir à consolider
Cette initiative d’engagement local donne des résultats probants. Mais il repose encore sur un équilibre fragile. La quasi-totalité des enseignants communautaires ne bénéficie pas d’une rémunération régulière et stable. Les besoins en matériel sont croissants, et certains intrants nécessaires à la fabrication des produits comme le savon, des serviettes hygiéniques, comme la soude, restent difficilement accessibles.
À Golonti, l’espoir est là, les habitants invitent les partenaires à accélérer le financement. « Nous avons commencé à construire quelque chose de solide. Mais si les partenaires s’en vont, ce sera difficile de tenir », conclut un enseignant.
Dans cette région aride du centre du Tchad, où les défis abondent, l’engagement collectif en faveur de l’éducation est en train d’engendrer un changement pérenne. À Golonti, l’éducation ne repose plus uniquement sur l’État ou les ONG, mais est embrassée par l’ensemble de la communauté.
Afin de renforcer ces acquis, les responsables du secteur éducatif lancent un appel pressant à leurs partenaires : soutenir continuellement l’aide, en garantissant la prise en charge des enseignants communautaires, qui représentent plus de 90 % du personnel dans certaines localités, et dont la rémunération repose encore largement sur des parents vulnérables. Ils insistent également sur la nécessité d’accroître les formations pédagogiques pour que les enseignants soient mieux outillés pour enseigner aux enfants les connaissances fondamentales et les compétences de vie.
« Nous avons franchi un cap. Maintenant, il faut aller plus loin », déclare l’inspecteur Adoum Doungous, convaincu que chaque investissement dans le système éducatif constitue une pierre angulaire pour l’avenir du pays.
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