elles échangent à Berlin et Hambourg sur les défis du métier, la lutte contre la désinformation
et l’avenir d’un journalisme indépendant en Afrique francophone.
À Berlin, un atelier pour unir les forces et les expériences
C’est au ministère fédéral des Affaires étrangères, à Berlin, que le coup d’envoi a été donné.
Radio communautaire, médias en ligne et télévision : les participantes ont présenté leurs
projets et partagé leurs réalités locales souvent marquées par l’instabilité, la précarité des
médias et la pression grandissante de la désinformation.
Guido Müntel, chef adjoint des relations culturelles et médiatiques avec l’Afrique, a rappelé
l’engagement de l’Allemagne à soutenir ces professionnelles de l’information par des
programmes adaptés. Sophie Armanski, cheffe adjointe de la division 607, communication
stratégique, a insisté sur la nécessité de combattre la désinformation, devenue un fléau dans
l’espace francophone. L’atelier aborde aussi la gestion des discours haineux sur les réseaux
sociaux, un phénomène que l’association Neue Deutsche Medienmacher*innen s’efforce de
décrypter et combattre.
La Deutsche Welle : une fenêtre ouverte sur le monde
Parmi les temps forts du séjour, la visite de la Deutsche Welle (DW), le média international
allemand, à Berlin. Ici, les participantes découvrent comment la DW produit et diffuse des
contenus en 32 langues, dont plusieurs programmes dédiés à l’Afrique francophone.
Les échanges portent sur la mission de la DW qui est de défendre la liberté d’expression, la
démocratie et la vérification de l’information. L’académie de la DW forme d’ailleurs des
journalistes à travers le monde et soutient le développement de médias indépendants.
Pour beaucoup de participantes, cet aperçu concret de l’organisation et de la rigueur éditoriale
allemande nourrit une réflexion : comment adapter ces méthodes pour contrer la
désinformation locale et renforcer la confiance du public ?
Fact-checking et indépendance, l’exemple de Der Spiegel
À Hambourg, le groupe est accueilli au siège de Der Spiegel, l’un des hebdomadaires les plus
influents d’Allemagne. Mathieu von Rohr, chef du service étranger, partage sans détour sa
vision : « Aujourd’hui, la désinformation est partout. Avec les réseaux sociaux et
l’intelligence artificielle, de fausses images ou de fausses vidéos circulent chaque jour. C’est
une véritable infection pour l’information ».
Pour y faire face, Der Spiegel a mis en place une cellule de fact-checking indépendante. Une
équipe dédiée qui vérifie systématiquement les faits avancés dans les reportages et les
déclarations politiques. « Sans indépendance éditoriale, impossible de garantir une
information fiable, rappelle Mathieu von Rohr. C’est notre responsabilité : raconter la réalité,
mais aussi les histoires de progrès et de développement, notamment en Afrique, au-delà des
clichés de conflits. »
Un réseau solidaire pour une information libre et inclusive
Au-delà de la formation technique, ce programme tisse des liens entre journalistes africaines
partageant des réalités souvent complexes : précarité économique des organes de presse,
menaces sur la liberté de la presse, nécessité de défendre la diversité des voix et la pluralité
des récits.
Dans un contexte marqué par la montée de la désinformation et des discours de haine, la
coopération internationale et le renforcement des capacités deviennent des leviers essentiels.
À travers cet atelier qui a réuni 17 journalistes venues du Tchad, du Mali, du Burkina Faso, du
Niger, de la Côte d’Ivoire, du Sénégal, du Cameroun, du Bénin, de la Guinée, de la RDC, du
Burundi et du Togo, l’Allemagne ouvre un espace d’apprentissage, de dialogue et de
solidarité pour que ces femmes journalistes deviennent à leur tour des actrices de résilience
dans leurs rédactions et leurs communautés.
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