Ecouter en direct
Radio Ndarason Internationale

Non classé

Entretien avec le président du Centre Tchadien des Etudes et de Stratégies professeur Zakaria Ousmane Ramadan

15 décembre 2017
Temps de lecture : 7 minutes

Les pays du  bassin du Lac Tchad, à savoir, le Niger, le Nigeria et le Cameroun est confronté aux activismes de Boko Haram depuis près de 9 ans. Les experts de ces pays précités se sont maintes fois retrouvés pour discuter et proposés des solutions. Cette fois ci,  ils se sont  retrouvés à N’Djamena pour réfléchir sur les enjeux sécuritaires dans le bassin du lac Tchad. Dandal Kura Radio International Ndjamena s’est entretenu avec le président du Centre Tchadien des Etudes et de Stratégies, le professeur Zakaria Ousmane Ramadan en marge de la conférence de la commission du bassin du lac Tchad qui s’est tenue à Ndjamena du 12 au 14 décembre 2017.

Dandal Kura Radio International : Quel est l’objectif de cette conférence ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : L’objectif de cette conférence est la concertation entre les experts des pays membres du bassin du lac Tchad sur tous les enjeux sécuritaires de cette vaste région. Nous discutons pour comprendre les causes profondes de cette instabilité, de tirer les conséquences et évidemment de proposer des solutions.

DKRI : Quelle est, donc, la situation actuelle dans la région du Lac Tchad ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : La situation est celle que vous connaissez, celle des mouvements des populations dans une insécurité ambiante. Disons que les attaques  de Boko Haram ont diminuées d’intensités, l’activisme de Boko Haram est réduit, quelque peu diminué  mais il n’en demeure pas vrai qu’il est vaincu complètement. Nous vivons actuellement les conséquences des attaques en masses que ces populations riveraines ont connues. Nous essayons donc de penser sur la meilleure façon de, non seulement, de réhabiliter l’environnement mais aussi de faire en sorte que les autres attaques ne se reproduisent plus.

DKRI : Quelles sont les grandes attentes de cette conférence ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : Il faut, vraiment, qu’on arrive à une certaine compréhension des causes, en connaissant les causes et les conséquences. Nous pouvons trouver les solutions.

Vous savez les causes ne sont pas seulement sécuritaires,  mais,  il y a aussi des causses liées aux manques de développement, aux frustrations, aux inégalités sociales dans cette sous-région. Il faut donc absolument remédier. Pour remédier à ces conséquences, il faut vraiment adresser la difficile question de gouvernance et des leaderships.

DKRI : Quelles sont les stratégies bien déterminées pour remédier aux problèmes de développement ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : Oui, justement. Il faut une réponse d’ensemble qui aborde la question de sécurité humaine, c’est-à-dire,  adresser la question de la pauvreté ambiante ou même de la misère, la question de la dégradation de l’environnement, la question des confits financiers, la question des chefferies traditionnelles, et surtout la question des abus des autorités traditionnelles, administratives, militaires. Ce sont tout ça qu’il faut mettre ensemble pour avoir le développement. Le développement est une volonté c’est aussi un projet, un programme, des activités très précises qui cible cette population qui vivent pratiquement au bord de la misère.

DKRI : Quels sont les acteurs très impliqués pour trouver une solution au problème de la région du Lac Tchad ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : Les acteurs les plus impliqués ce sont nous-même c’est-à-dire de la population au fond du village aux autorités intermédiaires jusqu’aux autorités compétentes. Je pense que c’est un mouvement d’ensemble, ou nous vivons ensemble ou nous périssons ensemble et pour ça il n y a  pas des questions à se poser, il faut absolument qu’on arrive à saisir les opportunités qui se présentent à nous pour pouvoir apporter des solutions.

DKRI : Que désignez-vous par nous ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : Nous ici implique la population, les gouvernants, les gouvernés et que les partenaires ne viendront qu’en complément de nos efforts propres a nous-même. Parce que les partenaires ne sont pas là pour rester pour l’éternité, ils viendront pour nous appuyer sur des points très précis. C’est à nous de trouver nos propres moyens pour notre propre développement. Nous commençons avec notre première fois et absolument que nous nous disciplinons, que nous ayons l’art de l’économie, l’art de vivre avec nos propres moyens et faire la politique de nos moyens. C’est petit à petit, les petits efforts harmonisés mis ensemble qui considérons cette construction immense qui constitue le développement.

DKRI : Quel message  lancez-vous aux populations du lac Tchad ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : D’abord mes encouragement, ces populations qui vivent énormément sont nos parents, nos frères, nos sœurs. Je pense que c’est à eux de pouvoir s’organiser et aussi de faire confiance à ce que leurs dirigeants font. C’est vrai que la population est loin de la scène, mais leurs dirigeants font ce qu’ils peuvent pour répondre à leurs attentes. Mais les attentes sont tellement énormes dans un pays enclavé comme le nôtre qui a très peu des moyens et que ses efforts ne paraissent pas tangibles,  mais il n’en demeure pas moins vrai que les gens font d’efforts. Tout ça s’inscrit dans une forme de logique. Il faut absolument que les gens arrivent à se mettre ensemble, à  dépasser les petites querelles, faire en sorte que l’effort de développement est un effort collectif et continue. Il faut se faire confiance eux-mêmes. Le fait de venir à Ngouri,  Bol,  Massakory, ou Ndjamena n’est pas une solution. C’est plutôt une fuite en avant. Il faut rester sur place, essayer de s’organiser, de faire avec les peu de moyens qu’ils ont et attendre les efforts complémentaires du gouvernement puisque aujourd’hui le gouvernement ne peut pas couvrir l’ensemble du territoire Tchadien en un jour d’un seul coup. Le gouvernement, les autorités locales traditionnelles, administratives et militaires sont à leur disposition. Il faudrait que la population sache s’organiser, qu’ils sachent solliciter ces autorités et je suis sûr que ces autorités seront à leurs attentes et leurs apporteront éventuellement le peu de solutions à leurs dispositions.

DKRI : Que dites-vous de la situation de quelques 2000 déplacés dans la région du lac Tchad qui n’ont pas d’aides humanitaires il y a plus de six mois ?

Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : Ça c’est certainement un disfonctionnement, généralement les autorités répondent a toutes ces questions lorsqu’on sait qu’il y a un mouvement, le gouvernement sollicite les partenaires et ils vont en direction des gens. Je ne connais pas le cas précis que vous citez mais ça se trouve qu’il fait partie de ce cadre, il doit avoir certainement un problème de manque de communication ou d’insuffisance d’informations ou les deux à la fois. Mais généralement une fois que les autorités sont informées, elles répondent autant que faire se peut avec les moyens dont elles disposent qui à faire par la suite les partenaires humanitaires.

DKRI : Merci professeur Zakaria Ousmane Ramadan

 Pr. Zakaria Ousmane Ramadan : Merci

La rédaction de Dandal Kura radio International Ndjamena

 

 

 

À propos de l’auteur

Ali