C’est le chef des opérations de paix des Nations Unies, Jean-Pierre Lacroix qui a demandé au Conseil de sécurité d’apporter un soutien renforcé à la force conjointe du G5-Sahel pendant cette situation au Sahel qui reste très volatile. Selon lui, l’insécurité et l’instabilité dans cette région d’Afrique « entravent gravement les possibilités de croissance et de développement » et que « les civils en paient le prix le plus élevé ».
Par contre Mr Lacroix reconnait que « Ces dernières semaines, la force conjointe a également démontré sa capacité à monter rapidement une opération ad hoc, l’opération Serres d’Aigle, pour répondre à une attaque imminente visant des populations au Burkina Faso ».
Il a aussi expliqué que depuis son premier déploiement en 2017, la force conjointe du G5-Sahel « a continuellement augmenté son rythme opérationnel et a réussi à le maintenir, malgré d’importants défis ».
Mais une récente évaluation menée par le Secrétariat de l’ONU estime qu’il y a un risque que la force conjointe perde les gains réalisés, au moment où elle reste un élément essentiel d’une réponse sécuritaire collective aux multiples défis auxquels la région est confrontée : terrorisme, faible sécurité aux frontières, trafic de personnes, de marchandises illicites, d’armes et de drogues. Créée il y a plus de trois ans, la Force G5 Sahel, formée de 5.000 militaires fournis par la Mauritanie, le Mali, le Burkina Faso, le Niger et le Tchad, peine toujours à convaincre de son efficacité.
Face à ces multiples défis qui se présentent pour la Force du G5 Sahel Jean Pierre Lacroix défend donc la création d’un bureau d’appui. « Il est de la responsabilité collective de la communauté internationale de soutenir les efforts louables des États membres du G5-Sahel », justifie-t-il. Pour lui, la Mission des Nations Unies au Mali (MINUSMA) apporte un appui à la force conjointe, mais que cet appui dépend du financement des bailleurs de fonds qui reste imprévisible.
Ce bureau d’appui dédié, sera donc financé par des contributions statutaires, qui pourra apporter à la force conjointe du G5-Sahel le soutien dont elle a besoin et qui lui permettrait également de devenir plus efficace. Déjà la France encourage un soutien prévisible et durable de la Force conjointe du G5 Sahel, tandis que le Mexique l’a conditionné à l’apport de garanties politiques par les pays concernés.
Le Royaume-Uni et les États-Unis, s’opposent à la proposition du secrétaire général adjoint. Ils estiment que l’ONU n’était pas un « véhicule approprié » pour fournir un soutien logistique à la Force conjointe du G5 Sahel. Les deux pays trouvent que le Force conjointe est une coalition de forces de sécurité mandatées pour mener des opérations antiterroristes, principalement à l’intérieur de leurs propres frontières. Le Tchad, pays membre du G5 Sahel, soutien vivement la mise en place d’un bureau d’appui de l’ONU auprès de la Force conjointe. Cela « pour en finir avec le souci du financement et se focaliser entièrement sur sa mission fondamentale qui est de ramener la sécurité dans la région ».
L’Inde dénonce, de son côté, les conséquences des divergences au sein du Conseil de sécurité. Selon l’Indice, ces divergences ont permis aux terroristes d’étendre leur influence et soutient l’avis du secrétaire général : « si nous ne le faisons pas, nous risquons d’être confrontés à des problèmes sécuritaires plus importants dans les années à venir ».
La Russie, ne s’est pas prononcée définitivement. Cependant, elle rassure sa disponibilité pour examiner attentivement les alternatives proposées, en soulignant que tout dépendra des sources de financement et des dépenses liées à une telle création.
Le bureau d’appui, indique le secrétaire général, appuiera aussi le secrétariat général du G5 Sahel dans plusieurs autres domaines transversaux. « Je tiens à souligner que le bureau d’appui dédié est notre première option recommandée, et que le bureau consultatif est notre deuxième meilleure option », souligne-t-il dans sa lettre.
Le secrétaire général note tout de même que des progrès importants ont été accomplis par les États du G5-Sahel dans la prévention et l’atténuation des violations des droits de l’homme par des éléments de leurs forces armées et de sécurité lors d’opérations antiterroristes, mais aussi pour protéger les civils grâce à des patrouilles renforcées.
Il rappelle également que les efforts de sécurité à eux seuls ne suffisent pas à faire face à la crise au Sahel et qu’une approche holistique est nécessaire pour s’attaquer aux déficits de gouvernance et aux causes profondes de la pauvreté et de l’exclusion.