Des experts ont lancé un appel aux Etats membres de la Commission du bassin du lac Tchad (CBLT) et leurs partenaires à poursuivre le processus d’inscription du lac Tchad au patrimoine mondial de l’UNESCO (Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture). L’appel a été lancé lors d’un débat organisé à Yaoundé sous le thème : « Enjeux et défis de l’inscription du Lac Tchad au patrimoine mondial de l’UNESCO ».
En effet, le processus pour la reconnaissance du Lac Tchad comme patrimoine mondial avait débuté en 2018 et s’était arrêté en 2020 à cause d’une demande de suspension qui aurait été introduite par le Tchad.
Contrairement à ce qui s’est dit sur le Tchad, Alessandro Balsamo avance aussi que la décision, suspendant le processus a été prise à cause de l’impossibilité pour les organisations consultatives indépendantes désignées par la Convention du patrimoine mondial de se rendre sur le site proposé pour effectuer les évaluations nécessaires avant l’inscription. « Cela n’a pas pu se faire pour des raisons de sécurité et nous nous sommes vus obligés de suspendre cette évaluation jusqu’au moment où la situation permettra aux experts de visiter le site », indique-t-il.
« On était à deux doigts de ce qu’on appelle le suivi réactif. C’est à ce niveau que se règlent des questions comme la position de chaque Etat partie et son soutien à l’inscription du dossier ou pas », a soutenu un membre du groupe d’experts pour le classement du site.
Alessandro Balsamo se veut tout de même rassurant : « Les derniers échanges que nous avons eus avec le Tchad ont souligné son engagement dans ce processus aux côtés des trois autres Etats. Nous espérons que ce processus portera des résultats concrets le plus tôt possible », dit-il.
Cette information a aussi été confirmée par Bandiougou Diawara responsable technique au projet Biosphère et patrimoine du lac Tchad (BIOPALT) de l’UNESCO, dont l’inscription au patrimoine mondial constitue l’une des composantes. Ce dernier précise que « la demande de suspension du processus avait été faite par un nouveau ministre de la Culture deux mois après sa prise de fonction au Tchad, alors que son prédécesseur avait fortement soutenu le processus. ».
Le problème de l’insécurité reste réel. C’est pourquoi, insiste Alessandro Balsamo, il faudra au préalable régler le problème d’insécurité afin de permettre aux experts de l’UNESCO d’effectuer les missions d’évaluation sur le site.
Avantage de la reconnaissance du Lac Tchad comme patrimoine mondial
Le projet de reconnaissance du Lac Tchad comme patrimoine mondial présente beaucoup d’atouts, surtout pour sauver ce Lac qui fait vivre beaucoup des. En plus, la zone du lac Tchad présente de nombreux atouts culturels, biologiques, agricoles et halieutiques ainsi qu’une biodiversité florale et végétale spécifique.
«On y trouve par exemple une race de vaches appelée Kuri qui n’existe que dans la zone du lac Tchad et nulle part ailleurs dans le monde et qui produit du lait en très grande quantité », explique Hamissou Halilou Malam Garba, directeur adjoint de la Faune, de la chasse et des aires protégées au ministère de l’Environnement et de la lutte contre la désertification du Niger. Bandiougou Diawara responsable technique au projet Biosphère et patrimoine du lac Tchad (BIOPALT) de l’UNESCO poursuit en disant que « c’est courir le risque d’effacer sept millions d’histoire, puisque le crâne de Toumaï, considéré comme l’ancêtre de l’humanité, a été découvert dans cette zone ». Pour ce dernier, une solution alternative serait d’attribuer d’autres zones pétrolières aux entreprises qui auraient voulu faire de l’exploitation pétrolière dans la zone du lac Tchad.
Selon d’autres experts, l’inscription du Bassin du lac Tchad au patrimoine mondial peut constituer une façon de protéger un modèle de développement endogène et harmonieux conçu par les communautés elles-mêmes.
Alessandro Balsamo souligne que des études sur d’autres sites du patrimoine mondial ont mis en évidence des bénéfices concrets après le classement. Toutefois, le fait que les derniers sommets des chefs d’Etat et des gouverneurs de la CBLT aient ignoré ce sujet inquiète les acteurs qui s’intéressent au processus.