Maroua – Les dernières attaques des terroristes de Boko Haram dans la région de l’Extrême-Nord avec des morts et des blessés dans les rangs de l’armée mais aussi la récurrence des incursions en territoire camerounais, appellent le haut commandement militaire à plus de vigilance. Pour mener une riposte efficace, les autorités militaires doivent pouvoir compter sur l’aide des membres des comités de vigilance. Ces groupes d’autodéfense ont joué depuis plusieurs années un rôle important dans le renseignement prévisionnel et parfois, ils ont tenu tête aux terroristes. Vu leur contribution dans le dispositif sécuritaire, les autorités ont décidé de redynamiser ces groupes. C’est ainsi que le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord est dépêché ces jours-ci par le haut commandement pour une opération qui se déroule du 11 au 14 août 2021 dans les départements du Mayo-Tsanaga, du Mayo-Sava et le Logone et Chari.
A Mokolo où les membres du comité de vigilance sont actifs avec près de 2000 volontaires, le gouverneur Midjiyawa Bakari a tenu à leur réitérer les félicitations du chef de l’Etat et a insuffler une nouvelle dynamique. « Le chef de l’Etat nous a demandé de féliciter toutes les populations et plus particulièrement les membres du comité de vigilance. Etant donné que Boko Haram a changé de chef après la mort de Shekau, la première partie du conflit a été gagnée par le Cameroun avec nos forces de sécurité avec la contribution des comités de vigilance. La preuve, Shekau est disparu, il y a des abandons enregistrés dans leurs rangs, avec des morts et de blessés. Ils sont en débandade mais ils veulent engager la deuxième partie pour rebondir. Raison pour laquelle le chef de l’Etat demande aux comités de vigilance de s’armer de beaucoup de courage et de détermination pour accompagner nos forces de défense comme ils l’ont fait par le passé. Il faut donner des informations à nos forces de défense et de sécurité pour des interventions en temps réel. Pour ceux qui pensent que Boko Haram est fini, il faut dire que le groupe est en train de se réorganiser. Il faut qu’on reparte avec beaucoup plus d’énergie. Après l’état des lieux du matériel, nous devons nous mettre au travail pour barrer la voie aux terroristes », lance Midjiyawa Bakari, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord.
Dans le département du Mayo-Sava, on compte environ 1774 membres des comités de vigilance répartis dans les différentes localités où les attaques sont récurrentes. Si le gouverneur leur a transmis le message du chef de l’Etat le 11 août dernier à Mora, les membres des comités de vigilance ont exprimé les difficultés auxquelles ils font face et leurs attentes pour une meilleure opérationnalisation sur le terrain. « J’ai commencé mon volontariat en tant que membre du comité de vigilance, en 2013 à Limani durant la période où les populations ont fui suite aux attaques, on n’était que neuf. Petit à petit, les populations ont commencé à regagner notre localité entre 2015 et 2016. Nous travaillons avec les militaires, nuit et jour, en patrouille et nous n’ avons rien malgré notre engagement. Ce sont les militaires qui nous motivent parfois. C’est vraiment difficile, il faut que le gouvernement nous aide, que le chef de l’Etat nous appuie car nous sommes sans équipements de protection. Même les torches, nous nous les procurons à nos frais, c’est décourageant. Beaucoup ont abandonné ce volontariat parce que nous prenons des risques et que nous avons perdu nos frères et membres suite à des attaques kamikazes», confie Kounta Moussa, membre du comité de vigilance à Limani. Ce genre de témoignage glaçant, les membres de comité de vigilance en ont plusieurs a partager.
Face à la nouvelle menace Boko Haram, le Cameroun et tous les pays du bassin du Lac Tchad sont appelés à renforcer la collaboration et l’intégration des besoins des membres des comités de vigilance dans leur stratégie. Ces groupes d’autodéfense sont des maillons incontournables dans le dispositif du renseignement prévisionnel pour barrer la voie aux terroristes.