Dans les conflits liés au terrorisme qui affecte le Cameroun et les pays de la zone du bassin du Lac Tchad, beaucoup d’innocents ont souvent payé le prix de leur vie. Arrêtés dans des conditions floues, jetés en prison ou exécutés, certains n’ont même pas été jugés. Et les coupables ne sont pas inquiétés. Le Cameroun s’est donc engagé à assurer une meilleure gestion des cas liés au terrorisme dans le respect des droits de l’Homme et permettre à tout justiciable d’avoir accès à un procès équitable. Une appropriation efficace de cette justice par les acteurs de la chaîne judiciaire passe par un renforcement de leur capacité à travers des formations adéquates.
C’est dans ce contexte que l’Ecole Nationale d’administration et de magistrature (Enam), avec l’appui financier de l’organisation américaine Global center and cooperative security, a organisé du 13 au 17 septembre 2021 à Maroua, des ateliers conjoints sur «La bonne gouvernance dans la gestion du terrorisme» à l’endroit des administrateurs civils, les magistrats, les officiers de police judiciaire et des acteurs de la société civile, en vue d’améliorer la gouvernance et renforcer leur rôle. Le but est de promouvoir la réparation du tissu social pour une phase post-conflit. La formation a aussi abordé la question de «l’accès à la justice en contexte de lutte contre le terrorisme» afin de renforcer les compétences des magistrats et auxiliaires de justice sur la compréhension effective du contexte global du terrorisme au Cameroun. Il fut aussi question de la maîtrise des cadres juridiques applicables, des procédures régulières d’enquêtes, de poursuite et de jugement dans les affaires de terrorisme dans le respect des droits de l’Homme.
« La formation vise à outiller les magistrats, les officiers de police judiciaire, les avocats et les travailleurs sociaux. Pour les magistrats et les officiers de police judiciaire, il s’agit d identifier les véritables coupables et sanctionner comme cela se doit, mais dans le respect strict de leurs droits. Même le terroriste a droit à un procès équitable. Les conventions internationales que notre pays a ratifiées nous y obligent », explique Philippe René Nsoa, chef de division de la magistrature et des greffes à l’Enam.
Pour sa part, David Abouem à Tchoyi, expert en question de gouvernance, souhaiterait qu’après ce séminaire, tous les administrateurs aient acquis de nouvelles compétences afin que la gestion du terrorisme puisse se mener dans la région de l’Extrême-Nord de manière plus humaine et dans le respect des droits de l’Homme. « Parce qu’ils doivent être des administrateurs leaders, des administrateurs coordinateurs, des administrateurs qui soient capables de répondre aux besoins des populations, prévenir les dangers avant qu’ils n’arrivent, les gérer en bon père de famille lorsqu’ils sont arrivés, aider les populations à se reconstruire dans le mécanisme de la stabilisation, une fois que le terrorisme est passé. C’est une action multiforme, complexe et permanente de l’administration », poursuit-il.