Radio Ndarason Internationale a reçu le week-end dernier Aliou Amine, le directeur général du ministère des équipements du Niger, membre du comité de liaison de la route transsaharienne, CLRT. C’est dans le cadre de la 69ème session des travaux de la route transsaharienne qui s’est tenu à N’Djamena au Tchad du 4 au 6 Novembre 2018.
Il ressort de cet entretien que le comité est à la recherche des financements pour boucler la construction de la route qui doit relier six Etats, à savoir, la Tunisie, le Nigeria, le Niger, le Mali, l’Algérie et le Tchad.
Nous vous proposons ici la transcription de cette interview.
Mahamat Ali Mouta : Que veut dire comité de liaison de la route transsaharienne ?
Aliou Amine : Le comité de liaison de la route transsaharienne est chargé de la réalisation de la route transsaharienne dans les pays membres du CLRT. Ces sont entre autres l’Algérie, le Mali, le Niger, le Nigeria et le Tchad.
Mahamat Ali Mouta : Que fait le comité de liaison de la route transsaharienne, CLRT ?
Aliou Amine : Le CLRT appui les Etats membres à rechercher le financement. Il organise chaque 6 mois une rencontre dans un pays membre pour évaluer l’état d’avancement des travaux de cette route baptisée la transsaharienne. Cela permet de prendre des dispositions pour chercher des financements en cas de besoin.
Mahamat Ali Mouta : Quelles est la situation actuelle sur le terrain?
Aliou Amine : Dans mon pays, le Niger par exemple, Il manque encore des moyens pour le financement de deux branches. Il s’agit notamment de la branche situé à la frontière algérienne qui s’étend jusqu’à Arlite, est une région du Niger. Il reste au total 225 Kilomètres à bitumer. Et nous avons déjà eu le financement et les travaux sont en cours. Nous devons en principe les réceptionner en 2019.
La deuxième branche, c’est la branche tchadienne comme on dit. Elle commence à partir de Zinder, au Niger, elle vient à Diffa ensuite Nguigmi, à la frontière tchadienne. Là, également, c’est une seule branche qui nous manque ; la branche Diffa-Nguigmi-frontière Tchad. Le tronçon Diffa-Nguigmi demande juste à être réhabiliter. Il y avait déjà la route, mais comme elle était fortement dégradée, il fallait chercher le financement pour la réhabiliter. Et maintenant Nguigmi frontière Tchad, c’est à peu près 55 Kilomètres qu’il faut aménager. Les travaux de cette route Diffa-Nguigmi -frontière avaient certes démarrés avec une entreprise chinoise, mais compte tenu des problèmes d’insécurité, ils se sont arrêtés depuis 2015.
Mahamat Ali Mouta : Quelles sont les difficultés rencontrées dans la réalisation de cet ouvrage?
Aliou Amine : Par rapport à la route Nguigmi frontière, il n’y a aucune difficulté, hormis les problèmes d’insécurité. A cause de ce problème, l‘entreprise chargée de la construire a cessé avec les travaux. Mais, nous sommes en discussion avec elle pour qu’elle reprenne les travaux. Si elle ne peut pas revenir, nous envisageons de sous-traiter les travaux avec les entreprises nationales qui peuvent venir sur le terrain continuer les travaux afin de les achever. Nous souhaiterions voir les usagers circuler librement sur des routes en bonne état.
Mahamat Ali Mouta : Vous étiez à Massakory pour faire le constat. Quelle est la situation sur cette route qui relie le Tchad au Niger ?
Aliou Amine : Selon les informations que nous avons recueillies au prêt de nos collègues tchadiens, cette route est sectionnée en 5 tronçons. Sur certains tronçons, les travaux sont en cours. C’est le cas notamment de l’axe Massakory et Ngori. D’autres tronçons sont également en cours de travaux. Cependant, il y a un tronçon qui n’a pas de financement. Toutefois, il est en phase de financement.
Mahamat Ali Mouta : Qu’est ce qui est en train d’être fait par les pays membres du CLRT pour mettre une route en marche?
Aliou Amine : Ce que les pays membres sont en train de chercher le financement pour achever les travaux de cette route transsaharienne. Une fois réalisée, cette route va faciliter les échanges commerciaux entre les Etats membres. On pourra alors acheminer les marchandises depuis le port d’Alger jusqu’à Lagos et de Lagos à Ndjamena. D’ailleurs, c’est ça l’objectif de ce projet qui est l’intégration sous régional à travers les réseaux ferroviaires.
Mahamat Ali Mouta : Avec les problèmes qui subsistent au Tchad, au Mali et au Niger, comment rattraper le temps perdu ?
Aliou Amine : Les problèmes d’insécurité ont été maitrisés par rapport à 2015. C’est précisément en 2015 que les travaux se sont arrêtés. Et entre 2015, 2017 et 2018, il y a eu une nette amélioration de la situation sécuritaire. Cette année, on peut faire même plusieurs mois sans entendre parler d’attaques dans la zone. Pourtant en 2015, on assistait presque chaque semaine à des cas d’attaques dans la zone. D’ailleurs, nous avons estimé que l’entreprise en charge de la réalisation de cet ouvrage pouvait revenir finaliser les travaux. A défaut, nous avons proposé qu’elle soustraite les travaux avec les entreprises à même de venir sur le terrain achever le reste des travaux.
Mahamat Ali Mouta : Dites-nous, d’une manière générale quels sont les avantages économiques d’une route ?
Aliou Amine : D’une manière générale, les avantages d’une route sont indéniables. La route, c’est le moteur du développement. S’il n’y a pas de route, il n’y a point de développement. Avec la route, les échanges vont se multiplier et il y aura aussi un gain de temps. Les échanges commerciaux vont aussi s’accroître. Cependant, lorsqu’il n’y a pas de route, les échanges sont limités, les articles et produits de consommations sont très chers à cause du coût du transport. Avec la route, les couts de transport vont baisser. Ce sont là, entre autres avantages liées à a construction d’une route.
Mahamat Ali Mouta : Sur quel sujet avez-vous mis plus d’accent à l’occasion de cette 69ème session ?
Aliou Amine : L’accent a été beaucoup plus mis sur la nécessité d’achever la transsaharienne dans sa totalité dans tous les pays concernés. L’atteinte de cet objectif permettra aux usagers de circuler dans des bonnes conditions.
Mahamat Ali Mouta : Combien de nombre d’années ont-ils été fixés pour que cette route soit-elle opérationnelle?
Aliou Amine : La route transsaharienne, comme je venais de vous le dire, concerne les six Etats membres. Mais, je ne peux me prononcer que sur celui du Niger, mon pays. Chez nous ce qui nous manque, c’est la route Arlite- Assamaka qui fait 225 kilomètres. Mais nous espérons par la grâce de Dieu la réceptionner en 2019. Maintenant en ce qui concerne la route Diffa –Nguigmi frontière Niger, je ne peux pas donner une date précise parce que nous sommes en négociation avec l’entreprise pour reprendre les travaux. Donc, il faut que les travaux reprennent d’abord pour que nous ayons le nouveau planning et la date à laquelle on pourra achever les travaux.
Mahamat Ali Mouta : Nous sommes dans le Sahara avec les problèmes de trafics d’armes, de drogues et surtout les problèmes de terrorisme qui persistent dans nos pays. Quand cette route sera opérationnelle y aurait-il des mesures pour contrôler ces trafiquants ?
Aliou Amine : Cet aspect est purement sécuritaire et relève par conséquent d’un autre département ministériel. Nous nous focalisons pour le moment sur à la réalisation de cet ouvrage. A mon avis, je pense que le problème de banditisme dans la région, relève d’un autre département ministériel. Un département que je pense mieux outillé et mieux placé pour parler de ce problème.
Mahamat Ali Mouta : Quel message avez-vous à lancer à tous ceux qui vous écoutent aujourd’hui ?
Aliou Amine : Je demande à tous ceux qui m’écoutent précisément au Niger, de patienter un peu car tous les tronçons de la route transaharienne, que ça soit celui d’Arlite –Assamaca, d’une longueur de 225 kilomètres ou que ça soit Diffa- Nguigmi frontière Tchad seront bitumés bientôt. Avec un peu de patience, ce projet sera réalisé, la souffrance des usagers vont diminuer et les échanges commerciaux entres les populations et les pays membres vont s’accentuer.
Mahamat Ali Mouta : Merci Aliou Amine
Aliou Amine : Merci Mahamat Ali Mouta