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Radio Ndarason Internationale

Économie

L’impact des activités de Boko Haram dans l’économie de la région du lac Tchad

30 novembre 2017
Temps de lecture : 6 minutes

L’onde de choc des activités de Boko Haram, ce mouvement insurrectionnel et terroriste d’idéologie salafiste djihadiste, a secoué très fortement l’économie de la région tchadienne du lac. Elle, l’onde choc, a eu un impact majeur sur les économies des familles vivant de la pêche, de l’élevage et de la vente des sous-produits de l’élevage, détruisant du coup le tissu socio-économique, aggravant la pauvreté d’une région qui s’organisait pour survivre.

Les reportages réalisés par Dandal Kura Radio International N’Djamena à Bol et Liwa avec le concours de nos correspondants illustrent avec suffisance l’impact des activités de ce mouvement originaire du nord-est du Nigeria, mouvement qui a pour objectif affiche l’instauration d’un califat et l’application de la charia.

 

L’élevage

L’élevage est le deuxième secteur économique et le premier pourvoyeur d’emploi au Tchad avec  94 millions de têtes de bétail. A cause l’insécurité aux frontières, les éleveurs tchadiens ne peuvent plus exporter du bétail, en particulier au Nigeria, la principale débouchée.

Selon responsable du suivi et évaluation de l’élevage dans la région du lac, plus de 2 millions de tête de bœuf enregistrés l’année dernière dans la région du lac. Mahamat Mouta Dramane ne donne pas le nombre de vaches Kouri inclus dans ce chiffre, ni le nombre d’éleveurs. Selon lui, 80% d’habitants de la population lacustre est éleveur. Depuis le début du phénomène Boko Haram, souligne-t-il, les éleveurs rencontrent beaucoup des difficultés. Les attaques des éleveurs par les combattants de Boko Haram avec les bettes tuées ou emportées. Amnesty International, dans son rapport 2016-29017, parle des pillages et de destructions de biens perpétrés par  Boko Haram sans donner des chiffres.

La commercialisation des bêtes est fragilisée par le phénomène Boko Haram. Toujours selon lui, avant Boko Haram, Alhadj Warou  allait jusqu’à dix milles peaux par semaine.

Les exportations de bétail vers le Nigéria sont tombes à cause de l’activisme de ce mouvement insurrectionnel. L’exportation informelle vers le Soudan se poursuit. Pour les ovins et camelins, les exportations vers la Libye se poursuivent avec un nombre assez important de bétails qui commencent à transiter vers le nord du pays.

 

La viande

La vente des viandes de la région du lac n’a pas échappé aux ondes de choc de l’activisme de Boko Haram. Le président de l’association des vendeurs grossistes de viande a Bol, Alhadj Issa, signale que la production de la viande était meilleure avant le phénomène Boko Haram à Bol, le chef-lieu de la région du lac. Selon lui,   ils abattaient  quotidiennement quatre bœufs et 40 moutons en provenance de la région du lac. Aujourd’hui, a-t-il déclaré a Dandal Kura Radio International, trois bœufs et environ trente moutons sont égorgés pour la consommation journalière de viande à Bol.

Les sous-produits de l’élevage

Les sous-produits de l’élevage ne sont pas du tout épargnés. La vente des produits et sous-produits de l’élevage a aussi subit un coup de l’activisme de Boko Haram.

Il n’y a presque pas de lait, surtout  de vache Kouri sur le marché de Bol. Les éleveurs l‘attribue à  l’activisme de Boko Haram dans la région. Selon Modou Brahim, un éleveur de la place interrogé par Dandal Kura Radio International  N’Djamena, les éleveurs et leurs familles souffrent actuellement à cause de cela. Pour cet éleveur de Bol,  une vache pouvait donner 1 litre et demi de lait. Chaque éleveur mettant sur le marché, quotidiennement 18 litres de lait dont deux sont destinés à la consommation familiale. Les 16 litres son utilisées pour la fabrication de lait caille et l’extraction d’huile de vache. Ces produits sont vendus sur le marché au prix de 250 FCFA pour un litre et demi de lait caille et 5 2250 FCFA pour l’huile de vache. Épargnons-nous des calculs. Notons seulement qu’avant Boko Haram, l’extraction de 1 litre et demi d’huile de vache se faisait après cinq jours. Aujourd’hui, trois ou quatre vaches ne donnent même pas 1 lit et demi de lait.  Ceci provoque un effondrement des économies des familles d’éleveurs de Bole.

 

 

Le commerce des peaux

La commercialisation des peaux des bêtes est fragilisée par le phénomène Boko Haram. Selon le représentant des grossistes des peaux des bêtes à Bol, avant l’activisme de ce mouvement terroriste, ils vendaient jusqu’à dix milles peaux de la  région du lac par semaine. Selon les chiffres donnés par le grossiste en chef, avant Boko Haram, l’exportation des peaux des bêtes vers le Nigeria rapportait en moyenne, pour l’ensemble des commerçants, la somme moyenne mensuelle de 400 millions de FCFA. Aujourd’hui, ces recettes globales sont tombées à un peu plus du dixième mensuellement. Il faut mettre en ligne de compte le détournement de la route d’exportation des peaux de bœufs pour éviter  les repaires du lac engage des dépenses supplémentaires.

La pêche et le commerce du poisson

De même, certains pêcheurs tchadiens ont fui cette région du Lac Tchad tout en regrettant que les mesures prises par les différents gouvernements ne soient que sécuritaires. Ceci explique probablement la chute de moitié de la quantité de poisson du lac achemine à N’Djamena pour la vente.

Selon le délégué des vendeurs de poisson du lac à N’Djamena, cette quantité est passée de 1000 colliers à 500 par jour, soit une diminution de moitié. Selon certaines sources de la capitale tchadienne, la fourniture de poisson est saisonnière. D’autres sources attribuent cette chute au phénomène Boko Haram.

La rédaction de Dandal Kura Radio International N’Djamena

 

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Ali