La Minusma a publié ce lundi 30 mai, sa note trimestrielle sur les violations des droits humains. La mission onusienne au Mali note une augmentation des violences de plus de 320% entre janvier et mars, par rapport à la fin de l’année dernière.
La majorité des violences recensées par la Minusma ont été commises par les « jihadistes » du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) et l’organisation État islamique dans le Grand Sahara (EIGS). Selon la mission de l’ONU, les deux groupes ont tué plus de 384 personnes en trois mois. Le rapport de la Minusma fait également état de 320 violations des droits de l’homme attribuées aux forces armées maliennes entre janvier et mars dernier, contre 31 au trimestre précédent. Soit plus de dix fois plus.
La Minusma note que les Fama ont multiplié les opérations antiterroristes, « appuyées à certaines occasions par des éléments militaires étrangers ». Les mots « russe » ou « Wagner » sont soigneusement évités, afin de ne pas contredire les autorités de Bamako qui affirment toujours qu’aucun mercenaire russe ne combat aux côtés des soldats maliens et que seuls des « instructeurs » viennent soutenir les Fama pour des missions de formation.
Dans sa réponse à la note onusienne, le gouvernement malien rappelle que Moura était un lieu de rencontre privilégié pour les jihadistes de la Katiba Macina, que « des combattants terroristes ont opposé une résistance violente » et surtout que « les corps sans vie examinés sont ceux d’adultes de sexe masculin morts vraisemblablement au combat. »
Quant aux témoignages, recueillis par de nombreux journalistes et défenseurs des droits humains mettant en cause les soldats maliens et leurs supplétifs russes dans la mort de centaines de civils, ils émanent, selon Bamako, d’« acteurs très souvent affiliés aux groupes terroristes et bandits armés n’ayant d’autre objectif que de ternir l’image des forces maliennes. »
La justice militaire malienne a ouvert une enquête. La Minusma attend, elle, depuis près de deux mois, l’autorisation de se rendre à Moura, mais a commencé à recueillir des témoignages et à recouper les faits.
La note de la Minusma ne le dit pas, mais un cadre onusien a révélé à RFI que les forces de sécurité maliennes ont interrompu une rencontre entre des enquêteurs onusiens et des rescapés de Moura, fin avril à Sévaré, dans le centre du pays. Les enquêteurs ont été arrêtés et détenus pendant plusieurs heures. Les témoins sont restés en prison entre deux et cinq jours, avant d’être relâchés.
Avec RFI