La situation des populations dans la zone dite des « Trois frontières » continue à se dégrader. Selon des informations rendues publiques par le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), l’insécurité alimentaire menace au moins 600.000 personnes dans la région de Tillabéri, au Niger. OCHA se base sur de récents résultats, préliminaires d’une évaluation de la campagne agropastorale et donne l’ alerte.
Les personnes menacées par l’insécurité alimentaire sont réparties dans plus de 445 villages. La cause de cette situation serait l’abandon des champs de cultures et les difficultés que rencontrent les populations pour accéder aux marchés. Selon OCHA, cette situation a des effets sur le nombre d’enfants en situation de malnutrition. Plus de 1,8 million d’enfants de moins de cinq ans ont besoin d’une assistance nutritionnelle. Cette situation est encore plus grave dans le département de Banibangou : plus de 79.000 personnes y sont exposées à l’insécurité alimentaire. Dans ce département, plusieurs dizaines de paysans ont été assassinés dans leurs champs par des éléments des groupes armés entre les mois de juin et août 2021, provoquant l’arrêt des travaux dans les champs.
Pour éviter cette crise, les autorités doivent prendre des mesures fortes
Selon OCHA, la disponibilité alimentaire sera très réduite dans cette zone et le pouvoir d’achat des populations vulnérables est exacerbé. « L’insécurité et les attaques récurrentes des éléments présumés de groupes armés non étatiques ciblant les agriculteurs et les populations civiles, auront cette année de graves répercussions sur la situation alimentaire déjà précaire de plusieurs milliers de ménages vivant dans la région de Tillabéri », alerte OCHA. A cause de l’insécurité quasi permanente dans la zone, les marchés locaux fonctionnent aussi au ralenti. En conséquence, la situation alimentaire et nutritionnelle est de plus en plus grave , les moyens de subsistance des ménages sont réduits alors que les prix des denrées alimentaires ont augmenté depuis le mois de septembre 2021.
Jusque-là ce sont plus de 765.000 personnes qui ont été soutenues par les Ongs humanitaires. Près de 260.000 d’entre elles ont reçu une assistance alimentaire mais plus de 145.000 personnes n’ont toujours pas bénéficié d’aide en nourriture cette année. Il reste donc selon OCHA, « beaucoup à faire, au regard de l’importance des besoins pour une région qui accueille déjà plus de 100.000 déplacés internes ». De nombreux défis sont à relever. « Aussi, des mesures fortes à la hauteur de l’ampleur de la situation doivent être prises par le gouvernement et ses partenaires, pour épargner la région de Tillabéri d’une crise alimentaire d’envergure », conclut OCHA.