« Plus de 95 % de ces personnes déplacées sont des paysans qui contribuent à la production agricole de la région et assurent la sécurité alimentaire de l’État à hauteur de 70 %. Donc, quand vous écartez ces gens, dont la plupart produisent environ 30 à 40 %, cela pose un sérieux défi. Parce que même ceux qui ont tenté de retourner dans leurs fermes ont été tués par ces bergers peuls et ils se sont enfuis, ce qui a fait peur à beaucoup de gens », explique Samuel Ortom, gouverneur de l’Etat de Benue.
Comme le gouverneur l’explique, cette situation joue vraiment sur la survie de ces populations. Ibrahim Mohamed est un cultivateur, interrogé par nos confrères de Africanews, il témoigne : « Depuis que les Peuls sont venus attaquer notre village, détruire nos terres agricoles et mettre le feu à nos récoltes, nous n’avons plus d’argent pour cultiver comme nous le faisions auparavant. Regardez mes terres agricoles – il y a tellement de mauvaises herbes – personne ne peut m’aider à contrôler les mauvaises herbes, et je n’ai pas d’argent pour acheter des produits chimiques pour que la récolte se porte bien. Avant, je récoltais dix sacs de riz de 120 kg, mais cette année, je ne peux même pas voir jusqu’à trois sacs – parce que je n’ai personne pour m’aider et pas d’argent pour acheter des produits chimiques »
En effet, selon les informations rapportées, tous les jours, avec l’aide de sa fille, Ibrahim Mohammed travaille dans son champ où il produit du riz. La récolte a été mauvaise cette année depuis quelques mois, il a perdu sa motivation. Ibrahim Mohammed est du village d’Aila situé dans l’est du Nigeria. Et dans cette région, les conflits entre éleveurs et cultivateurs sont fréquents. Ces violences entre bergers et cultivateurs se concentrent dans la « Middle belt », une région qui s’étend en longueur à travers le centre du pays, et qui est le cœur agricole du Nigeria. Cette situation affecte les récoltes, car les agriculteurs sont parfois obligés de fuir et d’abandonner leurs terres, ce qui menace la sécurité alimentaire du pays qui compte 200 millions d’habitants. Ces dernières années, ces violences se sont intensifiées en raison notamment du changement climatique et de l’accès à l’eau.