Selon l’ONU, près de 2,4 millions de personnes sont menacées par la famine dans l’État de Borno, nord-est du Nigéria. Confronté à une situation marquée par l’insécurité à cause de l’insurrection djihadiste, le gouverneur de l’Etat, a décidé de la suspension de la distribution de vivres aux personnes déplacées.
« Aucune organisation partenaire, qu’elle soit locale, nationale ou internationale ne sera désormais autorisée à distribuer de la nourriture ou d’autres biens dans aucune des communautés récemment installées à travers l’Etat », a souligné le gouverneur du Borno, Babagana Umara Zulum, dans une lettre écrite le 6 décembre et consultée par l’AFP.
Ainsi le gouverneur interdit la distribution de nourriture à des dizaines de milliers de personnes dans le besoin en dépit des inquiétudes des organisations humanitaires. Depuis douze ans, 2,4 millions de personnes sont menacées par la faim, et les prévisions des Nations unies, disent que le nombre de ces personnes va passer à 3,5 millions l’année prochaine.
Ce sont les personnes qui ont récemment quitté les camps sur ordre du gouvernement qui sont concernées par cette décision. Le gouvernement veut à travers cette décision encourager les populations à retourner dans les villages et aux champs au lieu de dépendre seulement des aides humanitaires.
Mais beaucoup d’ONG sont contre cette décision. Selon elles, dans certaines zones, les djihadistes du Groupe Etat islamique en Afrique de l’Ouest (Iswap) continuent de lancer des attaques meurtrières. Ces humanitaires ont également dû restreindre leurs déplacements après avoir été directement pris pour cibles par les insurgés. « Renvoyer des personnes dans des zones où sévit une insécurité alimentaire et les couper d’assistance est contraire à la convention de Kampala », a déclaré un responsable d’une ONG interrogé au téléphone depuis Paris.
Le gouvernement du Nigéria entend tout de même fermer tous les camps au Borno d’ici à 2026. L’ONU est également contre la fermeture des camps dans l’État de Borno. Selon les résolutions de l’ONU, indique ce responsable interrogé au téléphone, cela « peut constituer une violation du droit humanitaire international ».
Le gouvernement justifie sa décision par le fait que les personnes déplacées ne sont renvoyées que dans des zones désormais sûres. Le gouverneur du Borno prévoit de fermer au moins 50% des camps d’ici l’année prochaine. Dans la capitale Maiduguri, quatre camps, représentant environ 86 000 personnes, sont déjà fermés, et cinq autres accueillant plus de 140 000 personnes devraient fermer d’ici la fin du mois.
Et aussi selon Camilla Corradin, porte-parole d’INGO Forum au Nigeria, une coalition qui comporte 54 ONG internationales installées au Nigeria, les organisations sont prêtes à se désengager alors que les indicateurs de sécurité alimentaire et de nutrition à travers l’État de Borno restent une source de préoccupation majeure.