Seidik Abba vient de passer quelques jours à Ndjamena où il a animé une série de conférences pour les journalistes de Radio Ndarason et des diplomates sur la problématique de la sécurité dans le Sahel. Le spécialiste redoute les conséquences du retrait du Mali.
Est-ce que le retrait du Mali a été une surprise pour les spécialistes et analystes comme vous ?
Cela n’a pas été du tout une surprise que le Mali quitte le G5 Sahel, puisque depuis un moment on s’interrogeait sur la tenue du 8ème sommet des chefs d’Etat de l’organisation qui était initialement prévu à Bamako et qui devait se tenir en janvier ou en février. Après les deux mois, on a pensé que le sommet allait se tenir en mars à Bamako, mais il n’a pas pu se tenir non plus. Les interrogations étaient donc là, car depuis la création du G5 Sahel en 2014, les sommets se sont toujours tenus. On savait que quelque chose était en train de se tramer. Finalement, les Maliens ont décidé de se retirer.
Quelles sont les conséquences de ce retrait ?
Le retrait du Mali sera lourd de conséquences pour la toute jeune structure, rappelez-vous, le G5 Sahel n’a pas encore 10 ans. Il a été créé en 2014. Le fait que le Mali se retire va considérablement affecter le fonctionnement de l’organisation. On peut même redouter que le G5 Sahel soit définitivement mort avec le retrait du Mali parce que cela pose des problèmes de fonctionement . Les autres pays (Niger, Mauritanie, Burkina Faso, et le Tchad) considérant que le Mali s’est retiré ne vont pas coopérer et cela pourrait être lourd de conséquences. Quand on prend le secrétariat exécutif basé à Nouakchott, la conférence des chefs d’Etat, la conférence des ministres, ces instances qui définissent son budget, qui donnent des orientations pour la nouvelle année, etc. Si ces instances-là ne se tiennent pas, cela veut dire que le secrétariat ne pourra pas fonctionner ce qui entrainera une paralysie de l’ensemble des projets qui ont été déjà conçus et qui devaient être financés dans le cadre du G5 Sahel.Tout cela créé une situation malsaine.
En quoi ce retrait affecte le quotidien de Maliens ?
Ce retrait peut affecter profondément la lutte contre le terrorisme dans l’ensemble du pays. Il y’a une grande inquiétude qui part des pays du Sahel jusqu’aux Nations unies, vous avez vu le Secrétaire général en charge de l’Afrique a exprimé ses craintes. Jusqu’ici, on travaillait à construire une réponse régionale à la situation. Avec le retrait du Mali, cela fragilise la construction d’une solution régionale naturellement. Je pense que, comme l’a dit la Mauritanie, il faut trouver les moyens de sauver le G5 Sahel…