Dans la province du Guéra, l’enregistrement des naissances connaît une avancée grâce à la mise en place d’un système numérique innovateur. Installé au sein de l’hôpital provincial de Mongo, le guichet unique d’enregistrement des naissances simplifie les démarches pour des milliers de familles. Une initiative soutenue par le gouvernement tchadien, l’UNICEF et l’ONG ASRAD.
Sous le soleil ardent de Mongo, une file se forme devant ce guichet unique d’enregistrement des naissances. Nous sommes dans l’enceinte de l’hôpital provincial où Youssouf Mahamat Ahmat, le responsable du guichet, s’engage chaque jour à garantir une identité juridique nouveau-né.
« A la maternité, les parents viennent déclarer la naissance de leurs enfants. Nous veillons à enregistrer leurs données dans un système sécurisé et les transmettons à l’ANAT (Agence Nationale des Titres Sécurisés) à N’Djamena. Après validation, le document nous est retourné, et nous nous chargeons de l’imprimer afin de le remettre aux parents », explique-t-il. Ce dispositif moderne, basé sur la digitalisation des actes de naissance avec un Numéro National d’Identification (NNI), constitue une avancée par rapport aux pratiques antérieures. Auparavant, de nombreux enfants, notamment en milieu rural, n’étaient pas enregistrés à l’état civil de leur naissance, ce qui compromettait leur accès futur à l’éducation, aux soins de santé et à la citoyenneté.
Un changement de mentalité en marche
Youssouf Mahamat Ahmat, souligne que les initiatives de sensibilisation ont joué un rôle important « Initialement, la population n’était pas pleinement consciente de l’importance de ces documents. Cependant, grâce au soutien de l’UNICEF, de l’ONG ASRAD et de l’Union Européenne, qui ont formé et mobilisé les chefs religieux, coutumiers, ainsi que les relais communautaires et les responsables administratifs, les mentalités évoluent. Aujourd’hui, ce sont les parents eux-mêmes qui viennent enregistrer leurs enfants. »
Il est à noter que le guichet ne se limite pas à la maternité de Mongo, mais s’étant sur un vaste territoire grâce à un réseau de 18 centres de santé dans un rayon de 75 kilomètres. Les relais communautaires sont fondamentaux pour collecter les données concernant les naissances survenues dans les villages reculés ou à domicile. « Même une sage-femme peut, lors d’une vaccination, remarquer qu’un enfant n’a pas d’acte de naissance et nous transmet les informations », précise-t-il.
Un processus rapide et gratuit
Une fois les données saisies, l’ANAT les reçoit presque instantanément par SMS et procède à la validation de l’acte de naissance. « Une fois validé, une notification apparait sur mon ordinateur. Je contacte alors le parent afin qu’il vienne récupérer l’acte de naissance. Cela se fait gratuitement », insiste le responsable.
En moyenne, entre 10 et 15 naissances sont enregistrées quotidiennement à la maternité de Mongo. Les centres de santé périphériques, quant à eux, envoient parfois jusqu’à 100 déclarations par mois. C’est une avancée majeure dans un pays où des milliers d’enfants échappent encore au système civil.
Les bénéficiaires soulagés
Parmi les personnes qui accueillent cette évolution avec anthousiasme, Daoud Moustapha, un père de famille rencontré au guichet, vient récupérer l’acte de naissance de sa fille. Il exprime clairement sa satisfaction . « C’est la cinquième fois que je viens ici pour déclarer un enfant. Avant, il fallait aller à la mairie et faire plusieurs allers-retours. Maintenant, tout va plus vite. C’est un grand soulagement. »
Malgré les résultats encourageants, des défis demeurent. Youssouf Mahamat Ahmat plaide pour une formation continue pour les acteurs locaux. « Nous sollicitons le soutien continu de nos partenaires techniques et financiers. Il importe de renforcer les compétences des agents de santé, des autorités locales, des religieux et des relais communautaires afin d’atteindre les objectifs fixés par le gouvernement. »
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