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Nouvelle régionales

Tchad, lendemain de mission de la Commission de l’Union Africaine

6 mai 2021
Temps de lecture : 6 minutes

La mission couplée de la Commission de l’Union Africaine et du Conseil de paix et de sécurité dirigée par Mohamed Idriss Farah qui a débuté le jeudi 29 avril, s’est achevée ce mercredi 5 mai. Elle laisse derrière elle une situation toujours tendue au Tchad, marquée par des prises de positions divergentes dans la classe politique comme au sein de la société civile. Pour rappel, l’objectif de la mission était de favoriser le dialogue inclusif et enquêter sur les circonstances réelles de la mort d’Idriss Deby Itno.

La mission a rencontré  les forces vives de la nation Tchadienne, les acteurs économiques, les partenaires ainsi que les éminentes personnalités de la république pour recueillir les avis et propositions pour une sortie de la situation. La mission devait aussi déterminer si des sanctions devraient être prises contre le Tchad ou non. Les Tchadiens dans leur majorité, espéraient la déchéance du CMT au profit d’une présidence de la transition dirigée par un civil.

Mais selon la déclaration du chef de la mission, Mohamed Idriss Farah, Il appartient aux Tchadiens de résoudre leurs problèmes. « C’est d’abord aux Tchadiens et aux Tchadiennes de sortir leur pays des difficultés, les partenaires seront là pour aider mais il leur reviendra de s’entendre politiquement », a-t-il déclaré. Beaucoup de Tchadiens restent donc sur leur faim. Après la formation du gouvernement dit de transition où participent des partis politiques de l’opposition tel que l’UNDR avec deux ministres et un des ténors de l’opposition tel que Mahamat Alhabo, l’opposition semble divisée. Les regroupements de contestaires continuent de maintenir les marches et autres manifestations.

WAKIT TAMA appelle à une marche , le Pr Avockssouma désavoue la participation de l’UNDR au gouvernement

Au cours d’un point presse tenu ce mardi 4 mai, la coordination des actions citoyennes a appelé toute la population sur tout l’étendue du territoire national à marcher une fois de plus ce samedi 8 avril. Le mouvement exige toujours le retour à l’ordre constitutionnel et la remise du pouvoir aux civils.

Pour les leaders de ce mouvement : « Le coup d’Etat étant acté, tout ce qui découle du coup d‘Etat ne peut être admis. Ce n’est pas un gouvernement d’union, il y a des communautés qui sont privilégiées, ce n’est pas équilibré. Et nous, ça ne nous intéresse pas parce que nous voulons que le Tchad retrouve la paix pour toutes ses populations sans exclusion, sans qu’on puisse imposer des dirigeants à nos peuples. »

L’UNDR de Saleh Kebzabo, un ténor de l’opposition, fait aussi partie de ce regroupement. Deux de ses membres occupent les postes de Ministre de l’Élevage et de Secrétaire général du gouvernement en charge des relations avec le futur Conseil national de Transition, qui fera office de Parlement. Cette participation ne fait pas l’unanimité au sein même de son parti et let les réactions ne se sont pas fait attendre. Le Pr. Avocksouma Djona Atchénémou, membre du bureau exécutif de l’UNDR, a demandé au Conseil militaire de transition de ne pas tirer sur la population qui marche pacifiquement et il exige des dédommagements pour les familles des victimes, tuées lors de précédentes manifestations. Il a déclaré sans détour, être en désaccord avec le choix de son parti.

Des réactions aussi divergentes au sein du MPS de l’ex Président

Le Secrétaire Général du Mouvement Patriotique du Salut (MPS) Mahamat Zene Bada Abbas,  a aussi publié un communiqué en réaction à la situation qui prévaut à la suite de la formation du gouvernement de transition. Le communiqué se résume en trois point clés. Premièrement, Il accorde son soutien au CMT. Secundo, le MPS prend acte de la mise en place du gouvernement. Tertio, le parti exige qu’on introduise dans la charte une disposition qui indique que les membres du gouvernement ainsi que le premier ministre ne soient pas éligibles aux futures élections post-transition. Cette déclaration a soulevé quelques remous au sein même du MPS et parmi les observateurs de la situation. Car Mahamat Zene Bada Abbas n’a ni abordé le fonctionnement du CMT,  ni parlé de ce qu’il fera avant, pendant et après les échéances électorales.

Pendant ce temps, les cours n’ont pas encore repris dans les établissements publics. Les enseignants exigent le retrait pur et simple des véhicules des forces de l’ordre stationnés  devant les établissements. Pour eux, leur présence n’inspire pas confiance et constitue une source d’insécurité,  beaucoup d’élèves ayant déjà été gazés.

Autre élément qui rend la situation plus confuse, l’affrontement entre les forces de l’ordre et les rebelles du FACT au Nord du pays. L’armée avait affirmé que les opérations continuent. Selon plusieurs sources, après l’attaque lancée dans les régions du Kanem et du Tibesti le 11 avril dernier, faisant que l’armée prenne le dessus, des opérations de ratissage sont en cours. Ces informations ne sont pas confirmées par les rebelles :« Nos capacités de frappes sont intactes », a déclaré le porte-parole du FACT.

Le Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, ne s’est pas tu après ces derniers événements. « L’ONU reste fermement engagée à soutenir le peuple tchadien » a-t-il déclaré, avant d’ajouter lors de la séance publique organisée par l’assemblée générale de l’ONU pour rendre gloire à la mémoire du feu président Deby que : «Le peuple tchadien se trouve à un moment charnière pour son pays. Je lui souhaite de trouver une voie consensuelle et pacifique pour aller de l’avant ».

 

À propos de l’auteur

Eric lega