Le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA), est enfin sorti de sa léthargie ce 20 mai en ce qui concerne la situation du Tchad. Après examen du rapport de la mission d’enquête lors de sa 996eme réunion tenue le 14 mai, l’UA donne 20 conditions pour accompagner la junte au pouvoir, exige une transition démocratique et souhaite que la transition s’achève dans un délai court, ce qui veut dire 18 mois. Cette transition selon l’UA doit déboucher sur des élection libres et transparentes. Le Conseil de Paix et de Sécurité, reste intransigeant sur un point, celui du partage de pouvoir entre le gouvernement civil et les membres de la junte. IL serait mieux que les membres de la junte ne se présentent pas aux futures élections.
De plus, l’UA « condamne fermement l’utilisation de la violence par les mercenaires, les combattants étrangers et les rebelles pour la conquête du pouvoir politique au Tchad, et exige la cessation immédiate des hostilités et le retrait inconditionnel et rapide de tous les mercenaires et combattants étrangers du Tchad, conformément à la Convention de l’OUA de 1977 pour l’élimination du mercenariat en Afrique. » Elle exhorte aussi toutes les parties prenantes c’est-à-dire la société civile, les organisations des droits de l’homme et confessionnelles, les médias, à faire de sorte que la transition aboutisse avec succès. Enfin, l’UA « décide de rester activement saisie de la question. »
Les députés européens condamnent la prise de pouvoir par les armes
Le Parlement européen a, de son côté, tenu sa session parlementaire ce jeudi. Les députés se sont exprimé sur le cas du Tchad et le vote en faveur de la condamnation du Tchad a été massif. Avec 635 voix sur 693, les députés ont condamné la prise du pouvoir par les armes. Dans leur déclaration, ils appellent à un rapide retour à l’ordre constitutionnel.
Dans leur résolution, les eurodéputés sont clairs : « l’Europe demande à la junte de permettre des élections le plus rapidement possible. Et nous serons vigilants à ce que la diplomatie européenne s’emploie à convaincre ses partenaires tchadiens d’honorer leurs droits démocratiques ».
Les députés se disent, malgré tout, satisfaits de la nomination d’un gouvernement de transition civil comprenant des membres de l’opposition, ce qui constitue selon eux un premier pas vers le retour à l’ordre constitutionnel.
Les eurodéputés n’ont pas perdu de vue les violences constatées ces derniers temps pendant les repressions des manifestations, ils condamnent « la restriction du droit de manifestation et le recours à la violence par le Conseil militaire de transition contre des manifestants; invitent instamment le Conseil militaire de transition à libérer toutes les personnes emprisonnées à la suite de manifestations récentes; demandent également la mise en place d’une commission d’enquête indépendante et impartiale pour enquêter sur les abus commis pendant les manifestations et sur les éventuelles violations des droits de l’homme qui ont pu se produire, y compris l’utilisation apparente d’une force inutile et disproportionnée pour disperser les manifestants ».
On le voit, les positions de l’UA et de l’UE sont a première vue opposées mais, derrière ces différences affichées, les deux organisations partagent la même préoccupation : elles ne plébiscitent guère la présence d’une junte militaire et ne l’acceptent qu’avec la présence de civils et membres de l’opposition, elles demandent aussi le respect de l’organisation des prochaines élections dans les 18 mois.
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