Ce Dialogue national inclusif et souverain (DNIS) a été lancé laborieusement le 20 août, 16 mois après que le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno eut été proclamé par l’armée président de la République au lendemain de la mort de son père, Idriss Déby Itno, tué en se rendant au front contre les rebelles.
A la tête d’un Conseil Militaire de Transition (CMT) de quinze généraux, il avait abrogé la Constitution, dissout le Parlement et limogé le gouvernement.
Mais il avait aussitôt promis de rendre le pouvoir aux civils par des élections « libres et démocratiques » après une « transition » de 18 mois renouvelable une fois.
Il s’était également ensuite engagé auprès des Tchadiens et de la communauté internationale, qui l’adoubait aussitôt, à ne pas se présenter à la future présidentielle.
A deux jours de la clôture prévue du DNIS, une commission interne a proposé mercredi à des centaines de délégués d’adopter les résolutions suivantes: « renouveler la transition de 24 mois au maximum », « maintenir en fonction le président du CMT (Mahamat Déby, ndlr) qui devient le président de Transition ». Mais, surtout, la commission propose que « tout Tchadien en général et les dirigeants de la Transition en particulier soient électeurs et éligibles » dans deux ans.
En l’absence d’une grande majorité de l’opposition politique et des organisations de la société civile qui le boycottent, ainsi que de deux des trois groupes armés rebelles les plus puissants et les plus redoutés, il y a peu de chance que le DNIS rejette ces propositions.
Un mandat de six ans pour le futur président élu
Les applaudissements et clameurs d’approbation soulevés dans l’immense salle abritant le DNIS à N’Djamena à la lecture de chaque proposition ne laissaient d’ailleurs guère de place au doute.
Mais un des responsables de l’organisation, sous couvert de l’anonymat, a affirmé à l’AFP que le DNIS ne pourrait se clore comme prévu ce vendredi 30 septembre en raison de nombreux débats encore à tenir avant l’adoption de toutes les résolutions.
Le 20 avril 2021, l’armée avait annoncé la mort du président Idriss Déby Itno, qui dirigeait d’une main de fer ce vaste pays d’Afrique centrale depuis 30 ans. Elle nommait immédiatement un exécutif de « transition » de 15 généraux avec à sa tête le jeune général Mahamat Déby, 37 ans.
Quelques jours après ses promesses, ce dernier était adoubé en grande pompe aux obsèques de son père par les représentants de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE) dont la France représentée par son président Emmanuel Macron, quand elles vilipendaient et sanctionnaient ailleurs en Afrique les militaires putschistes au Mali, au Burkina Faso, en Guinée et au Soudan.
L’armée tchadienne est le principal pilier régional, au côté de celle de la France, dans la guerre contre les jihadistes au Sahel.
La communauté internationale avait toutefois demandé à Mahamat Déby de ne pas prolonger la transition au-delà de 18 mois pour rendre le pouvoir aux civils, et de ne pas se présenter à la présidentielle ensuite.
Mais le chef de la junte avait porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses, en envisageant 18 mois de plus « si les Tchadiens ne parviennent pas à s’entendre » et en remettant son « destin » à « Dieu » sur une éventuelle candidature.
La commission interne a également proposé mercredi au DNIS un mandat de six ans pour le futur président élu, renouvelable une seule fois « sans possibilité de révision », même par référendum.
Avec Africanews