Le sorgho, le maïs, le millet et le riz sont les principales denrées de base produites et consommées dans la région de l’Extrême Nord du Cameroun. Les marchés de l’Extrême-Nord jouent un rôle important dans le commerce régional avec le Tchad voisin et le nord-est du Nigéria. Mais depuis quelques semaines, on observe une flambée des prix de vente du mais sur les marchés de l’Extreme Nord, comme le montre ce reportage du journal « l’œil du Sahel ».
« Tout a radicalement changé en moins de 15 jours seulement. Il y a encore de cela deux semaines, les consommateurs de maïs de Garoua, achetaient le sac de 100kg de cette céréale à 16 500 FCfa. «Je me suis rendu au marché avec 17 000 FCfa la semaine surpassée, espérant ramener mon sac de maïs et payer la moto avec le reliquat. Cependant, lorsque je suis arrivée, les vendeurs m’ont fait comprendre que le sac de 100 kg coûtait dorénavant 20 000 FCfa au lieu de 16 500 FCfa. J’ai dû repartir sans sac de maïs», raconte Rachel Kanso, une ménagère. Lors de notre descente sur le terrain, au marché central, les prix des sacs de maïs variaient de 20 000 FCfa à 23 000 FCfa, selon la grosseur du sac.
Les Nigérians viennent acheter en quantité considérable
Cette flambée des prix a une explication : la demande de mais en provenance du Nigeria exerce une forte pression sur les vendeurs, trop contents de voir les acheteurs du Nigeria se bousculer sur les marchés de la région. IL est impossible de connaitre les raisons précises de cette demande nigeriane mais d’aucuns y voient un rapport avec l’insécurité rencontrée sur le terrain. Les agriculteurs du Nord Est, obligés de quitter leurs terres en raison des attaques des groupes armés, sont confrontés a des situations de pénurie.
L’impact de la demande nigériane est évident. «En effet, depuis deux semaines, il y a des fortes demandes sur le marché, nous avons plus de clients. Il y a des Nigérians qui viennent acheter en quantité considérable. Ce matin par exemple, ils sont venus garer un camion et ont acheté 200 sacs pour les ramener chez eux. A part ceux qui viennent avec des camions, il y a ceux qui viennent avec des motos et qui achètent deux ou trois sacs», affirme un vendeur de maïs au marché central de Garoua. Selon les indiscrétions des vendeurs rencontrés sur place, les voisins Nigérians «achètent autant de maïs, car ils en ont besoin pour la fabrication des boissons et des gâteaux. Et même, ils ont l’habitude de se diriger vers le Cameroun, à chaque fois qu’ils sont en pénurie», racontent-ils.
La forte demande et la hausse du prix du maïs impacte non seulement les prix chez les détaillants, mais les budgets de rations alimentaires des ménages en ont pris un coup. Au marché Yelwa par exemple, la tasse de maïs, qui était vendue à moins de 300 FCfa, coûte aujourd’hui 350 FCfa. «Nous sommes obligés de vendre la tasse de maïs à 350 FCfa, sinon, il nous sera très difficile de nous en sortir», déclare Halilou Abassi, vendeur et détaillant des céréales.