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Sécurité

Fait du Jour / Sécurité : L’hydre continue de frapper dans la province du Lac

24 février 2022
Temps de lecture : 3 minutes

Malgré les opérations militaires, Boko Haram continue toujours de frapper dans la région du Lac Tchad. L’occasion de s’interroger sur la manière de venir à bout de la secte terroriste.

Après la mort de cinq soldats tchadiens lors d’une embuscade tendue par de présumés terroristes de Boko Haram mardi dernier à Kaiga Kinjiria, ce matin 4 bœufs et 4 dromadaires ont été tués dans une double explosion à Diamerom, à une quarantaine de km à l’ouest de Liwa, dans le département de Fouli au Lac Tchad.

« Nous avons entendu deux explosions instantanées à l’aube de ce jeudi. On ne savait pas ce qui se passait. Puis, on a découvert que des bœufs et dromadaires étaient morts dans l’explosion », témoigne une source locale interrogée par Radio Ndarason. Selon un témoin, hormis la perte de ces animaux, d’autres biens matériels ont été détruits lors de cette explosion d’origine inconnue.

Les habitants de la région sont profondément traumatisés et vivent la peur au ventre. « Tout va mal pour nous ici dans le département de Fouli. Nous avons même peur d’aller chercher du bois de chauffe », se lamentent-il. Le Préfet du département a indiqué à Radio Ndarason que 4 terroristes ont été « neutralisés et d’importants matériels de guerre récupérés. »

De son côté, sur sa page Facebook, le Président du Conseil militaire de transition a déploré cette nouvelle perte et a rappelé les défis sécuritaires liés au terrorisme auxquels le Tchad est confronté. Le général Mahamat Idriss Deby s’est voulu rassurant pour la population. Pour lui « ces militaires ne sont pas morts pour rien car, le Tchad gagnera cette guerre contre Boko Haram. »

Mais la victoire se fait attendre. Déjà, l’ancien président tchadien avait affirmé en mars 2020, à l’issue de l’opération « colère de Bohoma » qu’il avait lui-même dirigée, que son armée avait anéanti toutes les capacités de nuisance de la secte Boko Haram. Deux ans après, des attaques sont encore perpétrées sur le sol du Tchad.

Max Kemkoye, un analyste politique, par ailleurs Président du parti Union des démocrates pour le Développement et le Progrès UDP, estime pour sa part que c’était « une simple déclaration politique ». D’après lui, il est difficile de combattre Boko Haram qu’il considère comme une hydre.  « Vous savez l’hydre c’est ce monstre fabuleux de la mythologie grecque, à l’aspect d’un serpent dont les sept têtes repoussaient en se multipliant au fur et à mesure qu’on les coupait. »

Après plus de dix ans d’opérations militaires successives, est-ce qu’un jour les militaires arriveront à mettre fin au terrorisme de Boko Haram dans le bassin du lac Tchad ?

A cette question, l’analyste propose de changer de stratégie. Il estime qu’il faut varier les moyens de lutte, ne pas utiliser seulement les armes, mais aussi employer le renseignement humain, les infiltrer, pour faciliter leur éradication. « Un animal qui a plusieurs têtes, le seul moyen de le tuer c’est d’enlever son cœur et c’est ce qui peut être difficile . » Pour preuve, malgré la mort du leader historique de Boko Haram, Abubakar Shekau, l’hydre continue toujours de sévir dans la région…

À propos de l’auteur

Mahamat Mainou Moustapha