ParAysha Mustapha Kolomi
Les agriculteurs relocalisés retourneraient volontiers sur leurs terres ancestrales si la paix régnait dans l’État de Borno et s’ils n’avaient pas à vivre dans la crainte des attaques des insurgés.
Les riziculteurs qui ont fui l’État de Borno et qui se sont installés dans l’État de Taraba pour échapper aux attaques violentes et souvent mortelles des insurgés affirment qu’ils aimeraient retourner dans leurs maisons ancestrales, mais qu’ils ont trop peur du conflit en cours.
Une centaine de fermiers, originaires de Zabarmari, Jere et Dikwa, ont quitté Borno il y a environ cinq ans pour commencer une nouvelle vie plus sûre à Taraba.
Babagana Lawan a déclaré à Ndarason que lui et d’autres agriculteurs avaient fui Borno à cause de l’insurrection.
« Nous étions attaqués si fréquemment que nous savions que nous devions fuir sous peine de mourir. Des agriculteurs de Taraba, à qui nous achetions des semences de riz, ont entendu parler de notre situation et nous ont encouragés à quitter Borno pour nous installer là-bas. »
D’après lui, la décision a été difficile à prendre. Au début, ils n’étaient que quelques-uns à déménager, puis leurs familles et d’autres riziculteurs les ont rejoints.
« À Borno, nous avions tellement peur des attaques. Nous savions que chaque jour où nous nous rendions sur nos terres agricoles pouvait être le dernier. De nombreux agriculteurs ont été attaqués et gravement blessés. Un certain nombre d’entre eux ont été kidnappés. D’autres ont été tués. Nous étions considérés comme « chanceux » si les insurgés se contentaient de nous chasser. Et les agriculteurs sont toujours attaqués. Il n’y a pas de paix » a explique Babagana Lawan.
Ils ne pouvaient pas continuer à vivre ainsi et ont dû partir. « Nous sommes pauvres et l’agriculture est notre seul moyen de survie. Bien qu’il y ait moins d’attaques à Borno ces jours-ci, les conflits se poursuivent et les insurgés surgissent des profondeurs des forêts pour commettre des atrocités mortelles. Les agriculteurs vivent toujours dans la peur. »
D’après toujours M. Lawan, les agriculteurs de Borno à Taraba aimeraient retourner sur leurs terres d’origine, mais ils sont trop terrifiés.
« Il n’y a pas d’État au Nigeria qui soit aussi riche sur le plan agricole que le Borno. Nous reviendrions si la paix régnait. Le Borno est le lieu où se trouvent nos racines. Mais nous devons nous occuper de nous-mêmes et de nos familles et nous ne rentrerons pas tant qu’il n’y aura pas de paix durable ».
Modu Aji Shugaba, agriculteur et expert en sécurité alimentaire, a confirmé « qu’il y a beaucoup d’endroits dans l’État de Borno où le riz pousse bien. Jere et Zabarmari en sont de bons exemples. »
“New Marte, Gamboru Ngala, Baga, Dikwa et la plupart des endroits de la région du bassin du lac Tchad ont de bonnes terres pour la riziculture, mais tout s’est arrêté à cause de l’insécurité », a expliqué Modu Aji Shugaba.
Pour lui, « Jere est la ville la plus proche de Maiduguri, mais on ne peut pas y cultiver, car c’est trop dangereux. De nombreux agriculteurs – et pas seulement des riziculteurs – ont fui vers d’autres États en raison du conflit en cours. Il est regrettable que nous ne puissions pas acheter de terres dans d’autres États et que nous devions louer des parcelles. Mais c’est un endroit sûr et nous n’avons pas à craindre d’être attaqués. »
Depuis que les agriculteurs ont quitté Borno, le prix des denrées alimentaires a fortement augmenté. Le coût de la nourriture et des autres produits de base a augmenté dans tout le Nigeria.
M. Shugaba a exhorté le gouvernement fédéral et celui de l’État de Borno à agir rapidement pour créer des zones sûres pour les agriculteurs.
« L’insurrection est une menace sérieuse non seulement pour la sécurité alimentaire de l’État de Borno, mais aussi pour l’ensemble du pays.